Néolibéralisme, immigration et fascisme

«Nous arrivons à des temps obscurs où les gens de couleurs, différents, sont considérés comme une menace». Carlos Marentes

Les pseudos débats au-tour de la loi sur l''immigration qui ont agité le microcosme politique français ne sont que des éclaboussures de la poussée nationaliste qui inonde la vieille Europe décadente et vient confirmer cette célèbre pensée de Gramsci : «Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres».
En fait, le vrai débat sur l''immigration est savamment esquissé laissant la place aux seules arguties qui consistent à prôner la nécessité de l''édification de nouveaux murs alors même que leur absurdité et leur inefficacité ne cessent d''être démontrées.
On eut dit que la problématique migratoire a une emprise presqu''-existentielle sur la politique européenne qui se refuse à l''évidence de la nécessité de considérer comme fondamental le principe de causalité. Il faut comprendre clairement qu''on ne résoudra aucunement le problème si on n''accepte pas de s''attaquer à la racine de ce qui cause cette migration. On n''y apportera aucune solution en continuant à alimenter le débat sur la relation de cause à effet concernant immigration et insécurité. Cette posture bassement nationaliste ne peut qu''encourager xénophobie et racisme et ne pourra jamais empêcher les mouvements de population, ceux qui tentent d''échapper à des situations cauchemardesques et qui, de toute manière essaieront simplement de recommencer.
Car en vérité, les guerres menées par les États-Unis et leurs valets Européens partout dans le monde, au Moyen-Orient, Irak, en Syrie, en Libye..., le soutien apporté aux dictateurs et aux régimes fantoches et le pillage des richesses orchestré par le système néolibéral, néocolonial et impérialiste sont en fait les vrais et peut-être les seuls responsables du drame inhumain que vivent ces damnés du monde.
Ils fuient la misère, ils échappent à l''horreur, chassés de leurs terres par les atrocités commises au seul profit de la rentabilité. Ils quittent leurs pays dévastés par les guerres impérialistes.
En même temps, les succès électoraux remportés par les partis d''extrême droite dont l''idéologie est portée par un nationalisme primaire et fondée sur un racisme existentiel, en disent long du climat nauséabond qui inonde l''atmosphère dans les pays occidentaux.
Alors, on assiste à la montée des idées fascistes véhiculant le spectre de l''étranger bouc émissaire, causes de tous les problèmes. De plus en plus organisés et s''appuyant sur les difficultés économiques et les insuffisances idéologiques des masses, ces partis sont aujourd''hui majoritaires dans bon nombre de pays européens tels la Finlande, la Norvège, les Pays-Bas, l''Italie, la Pologne, la France… et font de l’immigration le fondement du débat public.
On assiste là à la crise systémique de l’ultra-libéralisme et à son incapacité à porter des solutions aux problèmes cardinaux qu''il engendre et qui menacent jusqu''à la survie de l''humanité conduisant à des affrontements liés aux contradictions internes même de ce système infect.
C''est un peu dans ce contexte que les gouvernants français, à la fois sur injonctions européennes et sur la pression de l''électorat populiste du Rassemblement National, ont introduit cette fameuse loi sur l''immigration.
Elle fut votée sur la base de calculs politiciens à courte vue ce qui constitue certainement un véritable drame impactant les supports même de ce qui est appelé démocratie et sapant les valeurs fondamentales censées porter par la République française.
Et ce ne sont pas les quelques dérisoires rafistolages opérés par le conseil constitutionnel qui viendront atténuer l''inhumanité de ces mesures scélérates.
A l''analyse, il paraît donc clair que la lutte contre cette barbarie aux tendances fascisantes ne peut s''inscrire dans le cadre de simples considérations d''ordre ethnique, religieux ou géopolitique mais participer à l''avènement d''un nouvel ordre mondial multipolaire marqué par une répartition plus équitable des richesses.
Il s''agit essentiellement de s''opposer farouchement de par le monde aux méthodes néocoloniales d''assujettissement des peuples pour les maintenir sous domination, de manifester rigoureusement contre les guerres impérialistes ayant pour seul objectif le pillage des richesses.
Les écarts inacceptables entre riches et pauvres ne seront comblés que si la situation internationale offre aux pays dits du sud des opportunités de développement garantissant à leurs ressortissants les droits élémentaires de vivre décemment de leurs richesses et de choisir librement leur type de société.
C''est donc un combat contre l''impérialisme, le néocolonialisme et l’ultra-libéralisme.