Histoire de la Résistance communiste

Il y a 80 ans, le 21 février 1944, Missak Manouchian et 23 de ses camarades résistants communistes étaient fusillés par les Nazis au Mont Valérien en France. Au moment où dans ce pays se répandent dans les cercles de la pensée révisionniste et dans les médias meastring toutes les élucubrations visant à la falsification de l''histoire et quand le pouvoir bourgeois légifère sur le rejet de l''étranger, l''histoire, la vraie, comme un boomerang leur renvoie à la face la vérité que rien ne pourra gommer.

Le résistant communiste arménien, Missak Ma-nouchian et sa femme Mélinée, sont les deux premiers résistants étrangers à entrer au Panthéon, sanctuaire des grands hommes de la République, le 21 février 2024.
Ces étrangers s’engagent très tôt dans la résistance contre les Nazis. Missak prend en 1942 , le commandement du groupe arménien de la main-d’oeuvre immigrée la «MOI», création du Parti Communiste Français pour rassembler les travailleurs étrangers avec une mission : Recruter pour les FTP-MOI branche militaire armée chargée d’effectuer des actes de sabotage.
Une année plus tard , il est membre de la direction nationale au côté de Boris Holban, communiste roumain d’origine juive. Mélinée elle s’engage dans les rangs du FTP-MOI comme secrétaire en juin 1943 au moment où Missak prend la direction.
Il faut rappeler qu’à Paris, mais aussi dans les autres villes comme Lyon, Grenoble, Marseille, Toulou-se et dans les forêts de la Meuse , la résistance armée fut menée particulièrement par les immigrés et étrangers souvent Juifs, internationaliste ou antifasciste.
Le FTP-MOI, a eu à son actif, en quatre mois d’août à novembre 1943, plus d’une soixantaine d’actions, dont l’exécution du responsable du STO - Service du Travail obligatoire , organisme chargé durant l’occupation de la France de la réquisition et de la déportation de travailleurs français vers l’Allemagne, pour accompagner l’effort de guerre des Nazis. On estime à près de 100 000, le nombre de personnes transférées contre leur gré.
Cet activisme inquieta les services de la police allemande et suite à des filatures, le noyau dur du FTP fut repéré. Le 16 novembre 1943 , les 23 membres du réseau Manou-chian sont arrêtés. Leur procès se déroula du 15 au 18 février 1944 et le président du tribunal dans le compte-rendu du jugement déclara : «Ce procès n’est malheureusement pas une exception. Il est devenu clair que les Juifs continuent leur jeu en considérant la France comme un lieu propice à leur agitation. Le Bolchevisme et le Judaïsme ont fait cause commune».
Condamnés à mort le 21 février 1944, Missak Manouchian, chef militaire et ses 23 camarades sont tombés, exécutés au Mont Valérien par les barbares nazis.
Cette reconnaissance tardive de la mémoire du réseau Manouchian est l’aboutissement d’un combat de plusieurs décennies. Cette reconnaissance doit beaucoup à l’action des poètes.
LE 21 FÉVRIER 2024 : MÉLINÉE ET MISSAK MANOUCHIAN AU PANTHÉON
Emmanuel Macron a décidé que seuls deux résistants sur 23 entreront sous la coupole du Panthéon, Missak Manouchian et sa femme Mélinée. Il est étrange que l’on ne fasse pas entrer les 23 au Panthéon.
L’historienne Annette Wieviorka revient dans un petit livre sur la construction de l’Affiche Rouge par la propagande nazie, et regrette que les autres résistants de nombreuses nationalités qui ont péri au Mont Valérien ne soient pas honorés. Dans son ouvrage «Anatomie de l’Affiche Rouge», elle martèle «Faire entrer Missak Manouchian au Panthéon avec son épouse Mélinée, sans ses compagnons résistants du FTP-MOI, est ce une bonne idée ?
la question agite le monde intellectuel, notamment les historiens. Certes, les noms des fusillés du 21 février 1944, ainsi que celui d’Olga Bancic Roumaine, communiste et Juive sont inscrits sur une plaque. Mais pour beaucoup cela ne suffit pas.
Annette Wierviorka, historienne spécialiste de la Shoah et de l’histoire contemporaine des Juifs est de ceux-là. Dans une tribune parue le 23 novembre dans Le Monde et signée par le sociologue Edgar Morin, le rabbin Delphine Horvilleur, Costas-Gavras etc : «Les 21 autres résistants méritent eux aussi cet honneur… Isoler un nom, c’est rompre la fraternité de leur collectif militant, [ …] c’est blesser l’internationalisme qui les unissait de cette manifestation de panthéonisation, nous retiendrons encore la reconnaissance tardive et partielle des étrangers et des communistes dans la résistance et dans l’édification de la France».
Quand certains s’interrogent sur «l’identité française», il est essentiel de rappeler l’engagement de ces étrangers.
Pierre Ouzoulias, sénateur PCF des Hauts-de-Seine