Quatre-vingtième anniversaire de l’Etincelle (partie 2)

Evoquant précédemment la place et le rôle de l’Etincelle dans les luttes communistes de notre pays, nous avons passé sous silence le nom, disons-le franchement, d’héroïques militants qui sont allés physiquement au-delà d’eux-mêmes pour assurer la parution régulière du journal. Omérine Albina et Severin Lombion en particulier sont de ceux-là…et bien d’autres encore. De même que des trésors d’ingéniosité et un énorme courage physique ont été déployés par les organisateurs des premières fêtes de l’Etincelles (de nombreux camarades dont nous évitons de donner le nom de peur d’en oublier certains).
Après que les premières éditions de la fête de l’Etincelle se soient tenues à Port-Louis en 1964 et 1965, puis à Capesterre Belle-Eau en 1966, depuis 1967, c’est sur la plage des Galbas à Sainte-Anne et de façon durable que s’installe cette manifestation populaire. Il nous faut d’entrée de jeu signifier que si cela a été possible c’est avec l’accord de l’un des fondateurs du Mouvement communiste dans notre pays Hégésippe Ibéné qui met cet endroit à notre disposition. Mais il avait fallu défricher ce site qui était en grande partie une véritable forêt de bord de mer.
Illustrant un engagement et une mobilisation extrêmes, ce fût la constitution de véritables brigades comprenant principalement des militants de notre section qui week-end après week-end, armées de coutelas, de pioches, de pelles et de râteaux, ont fait place nette pour l’installation des stands des différentes sections et des organisations invitées.
Et dès cette édition de 1967, quelques semaines après les évènements sanglants de Pointe à Pitre, alors que la décision de réaliser cette manifestation avait été difficile, ce fut un véritable succès populaire. Nous avions finalement opté de la maintenir et d’en faire une tribune de dénonciation de la violence meurtrière du colonialisme français. Ce n’était plus un rassemblement de communistes et de leurs familles et des sympathisants, mais une foule massive, une large frange de notre peuple qui avait répondu à l’appel des communistes. Dès lors, la fête de l’Etincelle était devenue un centre de débats politiques, mais aussi une scène publique pour les revendications d’ordre social et écologique, une plate-forme de soutien à notre économie, un espace pour la création et l’expression culturelle ainsi qu’un lieu de pratiques sportives. Avec la participation de délégations de partis frères et d’organisations anti-impérialistes de notre région principalement, elle était devenue également une rencontre internationale concrétisant l’amitié et la fraternité de lutte de nos peuples.
Depuis quelques années, même si les communistes s’efforcent de célébrer la fête de leur organe de presse, celle-ci n’a plus l’éclat de jadis. Le triomphe de la contre-révolution et le démembrement de l’ex-URSS avec le déferlement de la guerre idéologique qui a suivi véhiculant un anticommunisme délétère sont passés par là. Cela sans compter nos contingences locales avec principalement l’incapacité morbide des forces pour le changement réel de s’accorder sur une plate-forme minimale pouvant les rassembler. Les communistes guadeloupéens, et tous ceux qui ne sont pas leurs adversaires, les travailleurs et les masses populaires doivent se mobiliser et contribuer au succès du quatre-vingtième anniversaire de l’Etincelle. Cela peut être une opportunité pour relancer la lutte anticolonialiste de notre peuple et la redynamiser vraiment…