LA POLITIQUE DE MENSONGES

L a vie chère et le prix de l'essence étaient au cœur du mouvement de masse qui a mobilisé de milliers de Guadeloupéens pendant quarante-quatre jours. Mais, 2009 n'a pas vu apparai- tre comme par magie ce puissant mouvement populaire contre la hausse injustifiée et insupportable des prix. Depuis des lustres, syndicats, partis politiques et associations de consommateurs, chaque fois que la situation l'imposait, interpel- laient les pouvoirs sur l'escalade des prix, particulièrement sur les produits de première nécessité. Le feu couve depuis longtemps. La montée en flèche du prix de l'essence a failli mettre le feu à la Guadeloupe. C'est un grossier mensonge que de rendre le mouvement social responsable de la misère des ménages, confrontés aux difficul - tés d'accéder aux biens et aux pro - duits de première nécessité. Le LKP a été une expression de ras le bol des victimes des rackets des commerçants, un mouvement de résistance à la politique de pwofita - syon symbolisée par les prix scandaleux pratiqués en Guadeloupe en toute impunité et dans un silence complice des autorités de l’Etat : Préfecture, Service de la concurren - ce et du contrôle des prix. Victorin Lurel, aujourd'hui Ministre de la France, a été l'un des premiers à avoir allumé la mche en Guadeloupe juché sur les barrages dressés par les entrepreneurs et artisans guadeloupéens après un galop d'essai sur les barrages de Cayenne en Guadeloupe. Croit-il sérieusement que la législation est la «solution» pour s'attaquer au mécanisme de la vie chère ? Si cela était vrai, ces prédécesseurs de gauche et de droite qui se sont risqués sur ce terrain auraient déjà réglé la question. L'ex-Ministre des «Outre-mer» Madame Penchard qui a failli se faire dynamiter dans le chaudron de Mayotte, ne se pince même pas, pour critiquer le projet de lutte contre la vie chère de Victorin Lurel, sachant d'expérience, les limites de la loi dans ce domaine. Mais, cette opposition médiatisée n'est que dans la forme, car, dans ce domaine et on le verra dans beaucoup d'autre, les deux parta- gent une même vision de l'écono- mie : la loi du marché, la concur- rence libre et non faussée, le dogme de la stabilité et de l'euro, la dépendance de la Guadeloupe par rapport à la France. En pensant la Guadeloupe comme partie intégrante de la France on perpétue un mensonge d'Etat et on maintient les Guadeloupéens dans la pauvreté. L'économie d'un pays insulaire de surcroît archipélagique à ses propres lois de développe - ment. L'une des premières est la recherche de l'autonomie et de l'autosuffisance alimentaire. C'est aussi l'obligation de maitriser le marché, de lutter sérieusement contre une concurrence sauvage entre des entreprises qui vivent très largement des fonds publics. La lutte contre la vie chère exige de rompre avec le monopole des échanges extérieurs confisqués au profit des entreprises françaises, la CGM en première ligne. Elle passe aussi par le développe - ment et la diversification de la production locale. La Guadeloupe, pays insulaire a besoin d'une loi fondamentale portant sur son organisation politique, économique, sociale et culturelle. Il nous semble que le projet mis en débat par les organisations des FPAC porte ces exigences. Alors, pourquoi se laisser entrainer dans un débat législatif s'agissant d'une loi qui, si elle a la chance d'être votée, risque de ne jamais être appliquée ?