Enfance en danger Lettre ouverte aux futurs résidents du lotissement «Domaine de Duquer
Mesdames et Messieurs,
Je m'adresse à ceux d'entre vous qui, résidents du lotissement Domaine de Duquery à Cabout Petit-Bourg, tentent d'empê- cher la construction sur trois par- celles du dit lotissement, d'une Maison d'Enfants à Caractère Social. Cette MECS est destinée à reloger une douzaine d'enfants de 9 à 14 ans confiés par le Président du Conseil Général au titre de l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE Enfants au titre de l'assistance éducative de l'enfance.
En fait, avant de vous mobiliser contre ce projet vous auriez dû vous renseigner pour savoir de quoi il s'agissait. Si vous l'aviez fait, vous auriez su qu'en fait, cette structure fonctionne depuis près de 9 ans dans une maison \-1Villa Mélodie\ tion, située à quelques 200 mèt - res du lotissement de Duquery .
Cette maison est aujourd'hui loin de répondre aux conditions de sécurité et d'offrir les moyens de l'action éducative nécessaire. Par ailleurs, les propriétaires sou- haitent reprendre leur maison à l'issue du bail actuel. C'est dans ces conditions que l'APISEG, Association gestionnaire, en accord avec la Direction et les Personnels de la structure, s'est portée acquéreur d'un terrain tout proche.
Parmi leur motivation, la proxi- mité des sentiers découvertes propices aux activités éducatives extérieures, «un cadre de vie et un environnement exception- nel» mais surtout, la bonne inté- gration dans le quartier. Aucun incident de voisinage n'étant intervenu durant les 9 ans d'exis - tence de la structure. Au contrai- re, nombreux sont les voisins à avoir sympathisé avec les enfants, participant aux activités culturelles et en particulier aux petites fêtes organisées à Noël.
Sur le plan scolaire, depuis l'ou- verture de la structure en 2003, c'est une quarantaine de jeunes qui se sont succédé dans les écoles primaires et secondaires de Petit-Bourg. Rares, pour ne pas dire inexistants, ont été les inci - dents signalés et cela en particu - lier grâce au suivi et au dévoue - ment de l'équipe psycho-éducative de l'institution. Je le répète, vous auriez dû vous informer au lieu de vous dresser contre ce projet sans en connaît- re les réalités.
A moins que vous soyez résolu- ment décidés d'empêcher qu'u- ne douzaine de gamins en diffi- culté puisse bénéficier de mesures salvatrices auxquelles ils ont parfaitement droit. Dans ce cas, cela serait tout simplement l'affirmation de votre part d'un rejet les plus lamentables de ces enfants, rejet sûrement généré par le souci égoïste d'une soit disant tranquillité.
Je ne vous cache pas que mal- heureusement, vous faites exclu - sion discriminatoire à l'égard des jeunes en souffrance. Récemment, une autre association l'AGSEA a acheté une mai - son dans une résidence huppée à Convenance Baie-Mahault pour prendre en charge, de jour, 15 enfants autistes. Immédiatement, une trentaine de ces résidents monte au cré- neau. Avec hargne et sans ver- gogne \(sans vergogne, car deux de ces résidents avaient eu leurs propres enfants bénéficiaires de placement en IMP, Institut Médico-Psychologique, égale- ment géré par l'AGSEA
Malgré les pressions, le Maire de la localité ayant validé le permis de construire (transformation de maison individuelle en structure d'accueil\ hésité à saisir le Tribunal Administratif dans le but de fer - mer l'établissement. Le Tribunal Administratif les a, en toute justice, déboutés de leur prétention. Il y a dans notre Guadeloupe de plus en plus d'exemples de rejet de l'autre, discriminatoire, en particulier vis-à-vis de notre jeu - nesse, déjà victime de troubles psychologiques ou tout simple - ment sociaux.
En 1995, il y a eu le C.E.R \(Centre d'Education Renforcé\ Gentilly à Sainte-Anne, en 1997, ce fut le tour d'un foyer à Beaufils Marie-Galante, etc. Après 40 ans d'engagement, d'abord professionnel puis militant associatif dans le sec- teur socio-éducatif, je constate que les égoïsmes enflent, que les solidarités disparais - sent, que l'individualisme et le rejet de l'autre, sont devenus le maître mot. Nombreux sont les compatriotes qui psalmodient à longueur de journée : «fo pa yo lésé sé ti moun' la an lari la. Fo mété yo adan dé sent' ! Mé pa owa kaz an mwen».
C'est pourquoi votre attitude ne m'étonne qu'à moitié !
Mesdames, Messieurs les futurs