RESPECTEZ-NOUS : PRIORITÉ À L’EMPLOI POUR LES GUADELOUPÉENS

L' INSEE vient de publier ses chif- fres de l'emploi pour le second trimestre 2012. Avec un auto- matisme digne des plus mauvais films de science-fiction la presse rend comp- te de cette situation, ignorant totalement qu'il ne s'agit pas seulement de statistiques, mais de la vie sacrifiée, mutilée de milliers de femmes et d'hommes de notre pays. Ces chiffres officiels déjà si scandaleux : 37 300 compatriotes au chômage, soit 23% de la population active, ne traduisent pas toute l'ampleur de ce fléau. Car, au sens de la définition du BIT (Bureau International du Travail ajouter aux 37 300 chômeurs recensés, les 17500 Guadeloupéens qui, décou - ragés, ne font plus de démarche de recherche d'emplois. En réalité, la Guadeloupe compte, si on se contente de ces chiffres publics, 54 800 chômeurs, ce qui représente un peu plus de 30% de la population active. Si on veut rester dans la com- paraison avec la France, cela représente 3 fois plus de chômeurs que làbas (ils sont à 10% Là-bas, de l'autre côté de l'Atlantique, le gouvernement socialiste trouvant cette situation insupportable a déclaré la lutte contre le chômage : Priorité nationale. Il y a donc le feu au palais et il ne fait aucun doute que le vieil adage «lorsqu'il y a le feu au château on ne s'occupe pas des écuries» va nous être appliqué plein pot. Car, n'en déplaise à nos «assimilés», nous sommes bien les écuries de laFrance. Aujourd'hui, nous sommes plus que jamais face à cette vérité. «On ne sera jamais mieux servi que par soi-même». Le pouvoir français qui nous est redevable de la place que la France occu - pe encore en Europe et dans le monde, pour se donner bonne conscience, nous ressert toujours les mêmes mesures inefficaces contre le chômage : la défiscalisation, le traitement social, la mobilité. Le Président François Hollande vient de remettre ça, à sa conférence de presse, le Ministre Victorin Lurel a fait voter un budget à l'Assemblée Nationale qui est la tra- duction de cette politique de «cautère sur jambe de bois». Personne ne va cracher dessus, mais tout le monde sait que l'avenir n'est pas là. Elle est dans la mobilisation et la lutte des Guadeloupéens pour penser et conduire le développement de notre territoire comme première réponse aux causes structurelles du chômage de masse que nousconnaissons. Elle est aussi dans notre capacité à nous faire respecter chez nous. Si on croit les chiffres de l'Insee, des milliers d'emplois ont été créés en Guadeloupe en 2012. A qui ontils profités. Il y a de cela quelques années, interro - gé sur les antennes de RFO à Paris, j'ai plaidé pour la priorité à l'emploi des Guadeloupéens en Guadeloupe. Le rédacteur en chef du Progrès Social m'a cloué au pilori, osant même la comparaison avec le Front National. Le sermon de ce rédacteur, marqué du sceau de la pensée unique, n'a arrêté, ni l'envahissement du pays, ni la progression du chômage. Aujourd'hui, en France, en Martinique, à la Réunion, la priorité «nationale» à l'emploi, l'économie patriotique, le redressement productif national sont devenus des revendica - tions portées par toutes les forces démocratiques et anti-impérialistes. Les jeunes guadeloupéens, premières victimes du chômage, ne doivent pas attendre, se plier aux règles discriminatoires non écrites, d'un système qui les exclut dans leur propre pays. Ils doivent s'organiser, fédérer leurs luttes pour imposer que les emplois créés en Guadeloupe leur soit à compétence égale, attribués en priorité. Il n'est plus tolérable que dans la situation de grande misère sociale qui frappe 60% de jeunes actifs guadeloupéens, alors que les com - pétences sont disponibles sur place, de recruter à l'extérieur. Le temps est venu pour les jeunes, tous les chômeurs d'agir pour se faire respecter.