Désarmer l’histoire (1)

Les 20 21, 22 et 24 novem bre deux colloques se sont déroulés à l'Espace Régional, à l'initiative de la Région Guadeloupe sur le thème : PREMIER COLLOQUE MEMORIAL ACTE, à l'U.A.G, à l'initiative du CREDDI et de la section histoire dudroit et des institutions sur le thème «L'esclavage dans les posses sions françaises d'un avatar de laservitude antique ?...». Ils ont réuni une cinquantaine d'in tervenants de France, d'Espagne,d'Allemagne, de Belgique, d'Ecosse, d'Afrique, de Cuba, de Martinique, de Guadeloupe.Le thème a été analysé sous divers aspects, historique, géo graphique, sociologique, psychologique, juridique, mémoriel, religieux notamment. L'originalité de l'esclavage colonial, c'est qu'il est bien un rouage impor tant du système capitaliste avec comme l'a souligné Madame Braflan-Trobo la gestion de la force de travail au bénéfice de l'accumulation du capital, au profit descolons de la France pour ce quiconcerne la Guadeloupe, laMartinique, St Domingue.Pour preuve, la férocité des autorités coloniales pour l'instaurer, l'organi ser, le maintenir au mépris de l'hu manité et même du système juridique qu'elles avaient institué

.Par exemple, le rétablissement del'esclavage en Guadeloupe parBonaparte, comme le démontreJean-François Niort de l'U.A. G, estun acte illégal car institué non parune loi rendue obligatoire par l'ar chitectu re juridique, mais par un décret signé du seul Bonaparte, qui n'a pas fait l'objet d'un vote par les députés ni d'une publica tion au bulletin des lois \45condition nécessaire et obligatoire\Qui plus est, cet article viole l'article 91 de la constitution de l'an VIII qui instaurait le consulat et indiquaitque seules les (lois colonies. Ce déni de justice illégal qui a été assumé par la France, plaide en faveur d'une réparation. Cependant, l'interrogation faite àun intervenant à ce sujet, s'est heur tée à un mur de silence élevé par lemodérateur et par lui-même. Lemême intervenant estimant que les manifestations organisées par les descendants d'esclaves constituentune auto réparation. R. Chaulet de l'Université de Besan çon indique pourtant que déjà auxseizième et dix-septième siècles Diego de Rosales, Francisco de Jaca, Epiphane Moirans, religieux à Cuba, à St Domingue, en Martinique récla maient l'abolition de l'esclavage et l'indemnisation des esclaves. L'indemnisation des colons elle aussi s'avère être illégale, car depuis 1845 les esclaves avaient été sortis de leurcondition de meuble et s'étaient vu octroyer par le roi de France la per sonnalité juridique. De plus, on ne pouvait indemniser pour l'expropria tion de meubles mais d'immeubles. Le montant des indemnisations servies aux colons ont pour partie été employées à créer une banque colo niale et à perpétuer le système capi taliste de plantations de cultures d'exportation jusqu'aux super marchés actuels.A noter que près de nous, desétats de la Caraïbe dont la Barba de, ont entrepris de voir concrétiser cette réparation.Des textes dont certains récemmentexhumés montrent la férocité desesclavagistes et de Napoléon enparticulier , qui ordonnait de terrori ser les combattants de la liberté, afin d'ef facer de la mémoire collec tive leurs gestes héroïques, en les massacrant même lorsqu'ils mani festaient le désir de se rendre. Cette férocité était à la hauteur de la peur de perdre la rente coloniale et de voir mis en danger le système capitaliste qui a tant enrichi l'Europe et la France en particulier. Cette mémoire s'est pourtant per pétuée par la transmission orale de l'exemple des combattants de la liberté, et par des actes commémoratifs. Dès les années 1884 à 1890 les municipalités de Pointe-à-Pitre, Basse-Terre, St Claude, le Conseil général ont donné à des lieux les noms de Delgrès, Dugommier . Cette mémoire s'est perpétuée aussi par les religions d'origine africaine, Condomblé du Brésil, Santéria à Cuba \d'origine Yoruba\ dique le Babalao cubain, Lazaro Vives Lopez, intervenant, Grand prê tre de cette religion dont le gouver nement tient compte des révéla tions. Ces prêtres sont consultés y compris par des compatriotes gua deloupéens et martiniquais. La place nous manque pour rapporter de manière plus exhaustive la richesse de certaines interventions. On peut cependant se reporter auxtravaux des historiens tels JeanPierre Sainton, Jean-François Niort,Gérard Lafleur , René Bélénus, Jérémie Richard, Frédéric Régent pour ne citer que ceuxlà, aux archives départementales, au bulletin dela société d'histoire de la Guadeloupe afin de mieux appréhendernotre histoire et mieux nous projeterdans un avenir maîtrisé. Notre titre fait référence à une position récente de l'UNESCO qui à par tir de travaux scientifiques, montrentla présence des Africains en Amé rique et dans la Caraïbe y compris en Guadeloupe bien avant les Européens. J'ai personnellement vu au Musée de Xalapa, près de V era Cruz, des objets datés témoins de cette position. \Jouets extirpés de tombes d'enfants représentant des chars égyptiens, d'Afrique de maïs et deharicots en proveance d'Afrique se lon une datation au carbone 14, sta tues olmèques précolombiennesreprésentant des Africains). Il faut rappeler l'existence du bâton d'Ishan go, celui de Dongo, de Lemombo,datés de 45 000 à plus de 80 000 avant Jésus-Christ, permettant la pratique de mathématiques et rivalisant avec les ordinateurs actuels. La mytholo gie du peuple Dongo faisant état d'astres invisibles depuis la terre, et encore d'autres informations qui sem blent démontrer une captation de l'histoire et de la connaissance et leurdétournement au profit de l'Occident et au détriment de l'Afrique, d'où la nécessité de désarmer l'Histoire.«Celui qui détient l'information a le pouvoir»Nous aurons certainement l'occa sion d'approfondir ces sujets dans nos colonnes et sur les ondes de Radio Gaïac.
(-1) titre : Déclaration récente de l'UNESCO