SOMMET DES AMÉRIQUES : Un continent révolté

Le 7eSommet des Amériques qui s'est déroulé au Panama du 10 au 11 avril 2015 est historique à plus d'un titre. Pour une certaine presse au service de l'Empire, le plus important de ce forum international fut la photo de la poignée de ma in et la conversation informelle entre le Président des Etats-Unis Barak Obama et le Président Cubain Raul Castro.

P our mémoire, ils avaient déjà échangé une poignée de main aux obsèques de Nelson Mandela, le pr emier Président noir de l'Afrique du sud. Bien avant son ouvertur e, ce Sommet avait déjà une très forte charge historique avec l'annonceof ficielle de la présence de Cuba pour la première fois depuis 1962 à un Sommet des Amériques. Pas, grâce à Barak Obama, mais sous la pression constante, unitaire des gouvernements latino-américains. Dans son intervention au Sommet, Christina Fer nandez, la Présidente de l'Ar gentine a déclaré : «Cuba est aujourd'hui parmi nous parce qu'il a lutté pendant 60 ans avec une dignité sans précédent». Le véritable évènement du Sommet des Amériques 2015, ce n'est pas bien sûr, une photo, futelle celle de Barak Obama et Raul Castro. C'est l'irréversibilité du mouvement de fond entamé en 2001 sous l'impulsion de Chavez, Kirchner et Lula, lorsque fut enterré le traité de libre commerce que voulaient imposer les Etats-Unis, le Mexique et le Canada. 21 ans plus tard, une CELAC indépendante r emplace une OEA sous influence de Washington ; L'UNASUR demande aux EtatsUnis de retirer ses bases militaires ; l'Amérique latine signe d'importants accords de coopération avec la Chine et les BRICS ; La banque du Sud est sur le point d'être inaugurée. Forts de cette souveraineté politique et économique retrouvée, les chefs d'Etat des pays latino-américains et Caraïbes présents à ce Sommet, sont tous montés à la tribune pour signifier au pays le plus puissant de la planète que «Désormais, nos peuples n'acceptent plus les mises sous tutelle, les ingérences et les interventions dans leurs af fair es intérieur es». Le Président de la Bolivie, Evo Morales, dans son intervention, a exprimé toute la révolte du continent latino-américain et des pays de la Caraïbe face aux prétentions hégémoniques des USA. Il a déclaré : «Aujourd'hui, ce sont nos peuples qui font l'histoire. Sur le plan politique, économique et militaire, notre Amérique latine et les Caraïbes ont longtemps été pris en otage par l'Empire, en vertu de la doctrine Monroe nord-américaine. Nous ne voulons plus de doctrine T ruman, plus de doctrine Reagan, plus de doctrine Bush. Nous ne voulons plus de décrets présidentiels, plus d'or dr es de l'exécutif, qui déclarent que nos pays r eprésentent une menace. Nous ne souhaitons plus être sous surveillance, que nos téléphones soient piratés, que l'on séquestr e des avions présidentiels. Nous voulons vivre en paix. Laissez-nous vivr e en paix». Le Président Obama n'a pas entendu ce discours, ni celui des 30 autres dirigeants latinoaméricains et caribéens, il avait déjà laissé la salle de confér ence, battant en retraite. Le fait que les Etats-Unis et le Canada ont refusé de signer le document final du Sommet, approuvé par 33 délégations des gouver nements de l'Amérique latine et des Caraïbes prouve que les Etats-Unis ont perdu le contrôle et que l'Amérique du Nor d est isolé. Peut-être après ce Sommet de 2015, pourra-t-on mesur er combien on a avancé dans l'intégration politique des pays latinoaméricains et des Caraïbes et dans quelle mesur e la région s'est dégagée de la subor dination au pôle de pouvoir que représentent les Etats-Unis, dans la perspective d'un nouveau schéma de coopération basé sur l'indépendance, la souveraineté nationale et régionale et la multipolarité.