“CE QUE VOUS FAITES N’EST PAS PROPRE !”

En regardant ce qui se passe ces jours-ci du côtédu Lamentin, en écoutant ces commentaires nauséabonds, nous repensons à cesparoles prononcées par lePrésident François Mitterrandaux obsèques de PierreBérégovoy, le 4 mai 1993 :«Toutes les explications du monde ne justifieront pas que l'on ait livré aux chiens l'hon neur d'un homme et finale ment sa vie au prix d'un dou ble manquement de ses accusateurs aux lois fondamentalesde notre République, celles qui protègent la dignité et la libertde chacun d'entre nous».Certes, José Toribio n'est pas mort. Mais, il est l'objet d'une véritablemise à mort politique de la part deses adversaires, pire, de ses amis etpartenaires (? Ce qu'ils font n'est vraiment pas propre. Nous, qui avons initié, dès 1992, un colloque aux Abymes, sur lethème : «Ethique et Morale en Politique», nous sommes estoma qués, scandalisés, de voir le cynisme, la gourmandise, l'immoralité,qui envahissent irrésistiblementl'espace politique en Guadeloupe,depuis quelques années. Après le «bordel» des élection législatives que nous avonsdénoncé, nous voilà plongésdans le cirque du Lamentin oùles fauves sont lâchés auxtrousses de Toribio, pour lui prendre les clés de la maisonque le peuple lui a confiées, enarrachant, en passant, sa peau. Nous ne parlons pas, ici, pour défendre José Toribio ; il n'est pas un «enfant de chœur» ;C'est un homme politique et il ne nous a rien demandé.Mais, avant d'être un homme politique, il est d'abord unhomme, le fils d'une mère, lepère d'un ou de plusieurs enfants.Alors, nous regardons d'abordl'Homme, l'être humain. La politique qui est et doit rester d'abord la bataille des idées, l'am bition de servir sa classe, sa commune, son pays n'autorise pas dedénigrer l'homme, de le mépriser,de lui cracher dessus. Toribio est victime d'une addiction à l'alcool. Il est malade, on le sait.Le plus élémentaire devoir de soli darité ou d'humanité est de l'aider,si on le peut, à s'en sortir et non dese servir de cette faiblesse pour ten ter de l'écraser et de le jeterdehors. Ce n'est pas digne… Et puis, si on devait lâcher les «chiens», pour reprendre le mot deFrançois Mitterrand, aux troussesde tous les politiques qui ont uneaddiction, soit aux femmes, soitaux jeux, soit aux hommes, alors lecirque ne serait pas seulement auLamentin. Toribio est mis en examen : c'est un fait pas reluisant, mais, la règle de «présumé innocent» s'applique,à lui aussi, comme cela a été le cas pour tous les élus ayant eu ou ayant à faire avec la justice. Pourquoi se salir les mains pour précipiter un adversaire que l'on juge en mauvaise posture, dans la fosse ? N'y a-t-il pas là comme une preuve de faiblesse et une absence d'éthique et de morale ? Au nom de la conception que nous avons de la politique etde l'idée que nous nous faisons de l'Homme, nous vous disons tout net que, ce que vous faites, n'est pas propre…