Les peuples concernés ont droit à réparations

D'après le Robert,réparer c'est :aire disparaître \les dégâts causés à quelque chose\corriger une faute, etc.\en supprimant les conséquences».

En France, et dans ses colonies, les questions autour de l'esclavage et des réparations qui y sont liées suscitent débats, polémiques, attitudes diverses qui vont de la négation de la cruauté de l'in justice et de la responsabilité, s'agissant de la traite et de l'esclavaged'une part, à la revendication deréparations d'autre part.La plupart des pays européens apratiqué la traite et l'esclavagequi leur ont permis de mettreen valeur des territoires qu'ils sesont indument appropriés, audétriment de peuples qu'ils ontexterminés. C'est le cas pour la France, s'agis sant de l'exploitation en Guadeloupe d'une main-d'œuvreservile, non rétribuée, au détri ment d'une partie de l'Afrique, des Amérindiens habitant notre île,des esclaves importés. Leur travail a permis l'acquisition etl'accroissement de richesses pourles colons français, dans le cadre d'un système capitaliste, la conquête de positions économiques, financières, sociales, transmises jusqu'à nos jours ici et en France.Ce processus a façonné notre socié té, caractérisée par ses inégalités économiques, sociales, la dif féren ciation des regards portés, en fonction de l'origine raciale.TOUT BITEN KA VIN ON BITEN PA RAPÒT A ON DOT BITENOr, bien que le problème de la réparation soit un sujet tabou,nul bénéficiaire ou victime de latraite et de l'esclavage ne peutnier les avantages pour les uns,les dommages, voire les ravagessubis pour les autres.A ceux qui nient les droits à répa rations, il faut rappeler les dédom magements financiers reçus par lescolons pour la «perte» de leursesclaves, suite à l'abolition, que les Haïtiens ont du payer, en s'endettant, un tribut de 21 milliards de dollars à la France, jusqu'en 1946, pour s'être libérés de l'es clavage, sous peine d'interven tion militaire française. France qui, jusqu'ici, a fait la sourdeoreille pour rembourser . La traite des millions d'Africains déportés et mis en esclavage constitue le plus grand crime contrel'humanité, reconnu comme tel parla 3e conférence des Nations Uniescontre le racisme, la xénophobie etl'intolérance, qui s'est tenue àDurban en 2001. Leur lutte pour se libérer, incluantcelle des martyrs guadeloupéensde 1802, trouve ses prolongements dans la juste revendication de réparations. Cette question, évoquéedès les 16e et 17e siècles, a vu laprise de position, en sa faveur , de personnalités telles, Martin Luther King, Malcolm X, Aimé Césaire,Frantz Fanon, l'Archevêque Sud Africain Desmond Tutu, prix Nobel de la paix, Wole Soyinka, écrivainNigérian, prix Nobel de littérature,pour ne citer que ceux-là.Elle fut un des grands enjeux de laconférence de Durban. Alors que la loi Taubira, reconnaissant l'esclavage comme crime cont re l'humanité, a été amputée de l'article sur les réparations, auxEtats-Unis, des initiatives ont étéprises en ce sens. «Un texte, voté en2 000 par la Californie, oblige lescompagnies travaillant avec l'Etat,à révéler si elles ont bénéficié del'esclavage par le passé».Cet exemple a été suivi par d'autresétats tels, l'Iowa, l'Illinois ; àChicago, Los Angeles, Cleveland,Atlanta, Baltimore, Dallas, Philadelphie, Detroit, New-York, Berkeley, Milwaukee, Oakland, San-Francisco, etc…La banque JP Morgan a reconnula constitution partielle de son capital par l'esclavage, et s'emploie à réparer , par l'octroi de 5 millions de dollars de bourses à des jeunes noirs des ghettos deChicago. C'est aussi le cas pour la Bank Of America, WatchoviaCorporation, Lehman Brothers,Aetena. «Le sujet est discuté dans le monde entier, à l'ONU, à l'Unesco, à l'Union Africaine, en Jamaïque, au Brésil».Sans parler des autres portsnégriers français, le port deNantes a armé 1 714 bateauxnégriers qui ont transporté unecargaison de 450 000 déportés. Son ex-maire, Jean-Marc Ayrault,actuel Premier ministre, sollicité par un collectif d'associations, semblait prêt à franchir le pas de la réparation ; François Hollande a sifflé la fin de la partie, parlant sim plement de «faute de la France et de réparation morale» Commed'autres parlent d'autorépara tion… par les victimes elles mêmes… ?! Rparations morales dont ne sesont contentés ni les victimes de laShoa, ni la France qui, outre ladette infligée aux Haïtiens par la force, s'est vue payer une compensation financière par l'Allemagne,jusqu'en 2010, pour la premièreguerre mondiale.Un appel pour un débat national sur les réparations liées à l'esclava- ge, a été signé par de nombreuses personnalités du monde politique,syndical, artistique, culturel, parmi lesquels et de manière non exhaustive, «Louis-Georges T in, président du CRAN, Etienne Balubar, philoso phe émérite, Olivier Besancenot,Jean-Jacob Bicep, député euro péen EELV, Matthieu Bonduelle,président du syndicat de laMagistrature, Nicole Borvo Cohen Seat, sénatrice PCF, Annick Coupé,de l'Union syndicale solidaire,Daniel Cohn-Bendit, député euro péen EELV, Sergio Coronado dépu té EELV, Doudou Diene, ancien rap porter spécial des Nations Unies sur le racisme, Pascal Durand, secrétaire général d'Europe Ecologie, les Verts, Mireille Fanon Mends France, présidente de la fondation Frantz Fanon, Assani Fassassi, président du COFAD, Sylvie Glissant Institut du Tout Monde, Eva Joly, députée euro péenne EELV, Jack Lang ancienministre de la Culture, ancienministre de l'Education, Pierre Laurent secrétaire national du PCF,Garcin Malsa, Président du MIR, Noël Mamère, député EELV, EdgarMorin, philosophe, médaille d'orde l'UNESCO, Bernard Thi-bault, secrétaire général de la CGT,Françoise V ergès, présidente du Comité pour la Mémoire et l'Histoire de l'esclavage».Ce combat est mené, chez nous,par le CIPN. A l'avènement de François Mitterrand en 1981, la Parti CommunisteGuadeloupéen a élaboré un docu ment par lequel il proposait uncontrat entre la Guadeloupe et laFrance, celle-ci s'engageant à ver ser une dotation globale, pendant quinze ans, à la Guadeloupe, pour lui permettre d'effectuer une mise à niveau aux plans économique, social, culturel.Le droit international reconnait ledroit à réparations. Ce fut le cas pour la Lybie, indemnisée parl'Italie pour fait de colonisation.Il a été appliqué, de manière léoni ne, par les Etats Unis d'Amérique qui ont imposé à l'Irak de leur payer une dette pour sa destruction par les Américains.Nos droits à l'autodétermination età réparations sont naturels etimprescriptibles.