Les maires de Guadeloupe en ballade à Paris !
Les maires de France étaient réunis du 23 au 25 novembrepour leur 95econgrès annuel, qui s'est tenu au grand Palais de Congrès de la porte de Versailles.
Comme le veut une tradi tion bien établie depuis Jacques Chirac qui avait, disent les mécréants, un «amour vache» pour ses collè gues de l'Outre-Mer, les mairesdes communes des derniers confettis de l'empire, que ceux qui les mènent encore qualifient «d'ultramarins», se sontréunis sous les lambris de l'hôtelde ville de Paris, un jour avant,pour parler d’eux.La République, à tous les niveaux, sait faire la différence.D'après les infos qui circulent, ilsont été un bon millier : élus etdélégués intra et extra-muraux,à avoir fait le déplacement.Un millier , par ces temps d'austé rité, cela nous paraît beaucoup. Pour avoir le cœur net, nousavons interrogé le Président del'Association des Maires deGuadeloupe, René Noël, pour savoir à combien se chiffrait ladélégation de Guadeloupe et comment sont financés ces genres d'expéditions.A l'heure où nous bouclons cetarticle, nous n'avons pas encoresa réponse. Nous y reviendrons.Cette réunion des maires, commeils disent, des «Outre-Mers», aconnu cette année un caractère particulier. En effet, c'était la première fois qu'un Président de la République faisait le déplacement pour s'adresser à ces élus,venus participer au Congrès des Maires de France. D'aucuns disent que c'était un retour d'ascen seur, une façon pour François Hollande de remercier ces payslointains pour leur vote en sa faveur. D'autres di-sent que ce déplacement avait un sens politique clair . Après avoir apaisé les craintes des élus qui se reconnais sent euxmêmes comme ultramarins, c'est-à-dire des individus sansracines, en annonçant quelquesmesures attendues : maintien de la défiscalisation mais, pour un an, l'attribution d'un certainnombre d'emplois tremplinscomme réponse à la grande pré carité des jeunes, François Hollande assena, sur un ton sansappel, le message essentiel qu'il était venu livrer : «Si nous sommes tous parties prenantes d'une même République, le destin des Outre-Mer appartient aux Ultramarins». Le message est clair, sans aucuneambiguïté : Le temps est venupour vous de vous occuper de vous et de vos affaires, nousavons d'autres priorités.Sur cet acte politique qui estpour nous le point essentiel decette réunion des maires,silence radio. Nous n'avonsentendu la réaction d'aucun de nos élus sur cette déclaration de François Hollande.Nous avons demandé à RenéNoël son sentiment sur cetteprise de position. Là aussi,nous attendons.Mais, les maires venant de l'audelà des océans ont tout de même travaillé, même si beau coup, comme c'est aussi la tradition, ont joint l'utile à l'agréablesur le dos de «la bête».Ils ont cherché dans trois ateliers : L'emploi au cœur des préoccupations des Départements etCollectivités Outre-MerLes communes et les commu nautés d'Outre-Mer, face à lacrise financière, La gestion des déchets en Outre-Mer cherché à identifier les problè mes que rencontrent leurs communes et, surtout, à clarifier leurrapport à l'Etat.Dans la synthèse des travauxprésentée par René Noël, lePrésident des Maires deGuadeloupe, on peut lire : «\311Face à ces difficultés multiples et aux impacts de la crise, les élus d'Outre-Mer, conscientsqu'ils ne peuvent compter sur l'Etat et que les solutions possibles sont rares, se sont attachés à dégager des réponses, leur per mettant de retrouver des mar ges de manœuvre et d'être encapacité de continuer à remplir leurs missions. Outre l'exploration des possibilités de renforcerla maîtrise des dépensespubliques, deux demandes for tes ont été exprimées par lesélus d'Outre-Mer :Les élus demandent que l'Etats'ef force de libérer les collectivi tés d'Outre-Mer des contraintes qui pèsent sur elles et entraventleurs actions et fasse preuve deplus de souplesse dans la mise enœuvre de certains dispositifs.Ils soulignent l'urgence detrouver les voies et moyens permettant de faire aboutir rapidement les travaux entamés sur l'élargissement desbases fiscales pour mettre enplace un système garantissantplus de justice sociale». On constate, là encore, que malgré tous les signaux allumés, les Maires de Guadeloupe continuent à se remettre à l'Etat pourrésoudre leurs problèmes.Pire, en demandant à l'Association des Maires de Francequi n'a pas daigné, dans larésolution générale du Con grès, placer une seule revendication concernant lesCollectivités d'Outre-Mer deles accompagner pour obtenirdu gouvernement la mise enœuvre des dispositifs adaptésà leur besoin, les maires desîles font la démonstrationqu'ils sont loin, très loin, des'engager dans la voie de leur autonomie, qu'ils restent toujours des assimilés.