L'action médico-sociale en danger

En Guadeloupe, comme ailleurs, les pouvoirs publics ne se donnent plus les moyens d'intervenir eux mêmes dans le domaine du sanitaire et du social. La plupart des actions ont été déléguées à des associations qui se trouvent ujourd'hui menacées.

L'Union Régionale Interfé dérale des Œuvres etOrganismes Privées Sanitaires et Sociaux (URIOPSSrassemble les établissements etservices qui agissent auprès despersonnes exclues, en situationde précarité, malades, handica pées, âgées ou encore des familles et des adolescents en difficulté. Selon son président, Eric Broussillon, «l'année 2012 a été difficile et 2013 risque de l'être davantage sous les effets conjugués de l'augmentation desbesoins sociaux et la diminutiondes crédits publics». Les années qui viennent vont voir des besoins croissants. Enef fet, avec la crise, la situation sociale en Guadeloupe se durcit : le taux de chômage est officiel lement évalué à plus de 25% de la population active, avec destaux dépassant les 60% chez les jeunes, entraînant une augmentation de l'alcoolisme, de la dro gue et des dif ficultés multiples des familles. L'évolution démographique est également très problématique :la Guadeloupe fera partie desterritoires dont la populationsera la plus âgée d'ici à 2040. Enfin, les infrastructures accu sent des retards considérables. Par exemple, en 2011, le tauxd'équipement pour enfants han dicapés était de 4.7 pour 1 000 jeunes de moins de 20 ans, auxAntilles-Guyane, contre 6.6 enFrance. Les structures existantesnécessitent souvent des misesaux normes coûteuses (antisis miques, anticycloniques...\ Pour faire face à ces besoins, il faut investir dans la constructionde structures, la formation depersonnel et surtout pérenniser l'activité des organismes exis tants. Or, on assiste à une réduction drastique des crédits publics.La diminution sans précédent desdépenses de l'État s'est répercu tée sur les budgets des établissements. Des "coupes" budgétaires ont été réalisées, alors que les charges obligatoires augmentent(salaires, transport, alimentation,maintenance...). La situation financière des organismes est rendue encore plusfragile, à cause du non respect,par les financeurs des délais de notification des décisions budgétaires et du versement très tardifdes dotations. Selon l'UNIOPSS,«Entre le moment où un besoin est repéré, où un porteur de projet se manifeste, et la date de déblocage des fonds, il peut sepasser huit longues années». Si la tendance actuelle se confirme, nous assisterons à l'apparition de déserts sanitaires et sociaux. Personnes âgées dépendantes, familleset jeunes en difficultés, personnes en situation de handi cap, se retrouveront sans sou tien, sauf s'ils peuvent payer. Car, de nouveaux acteurs à but lucratif se présentent sur ce«marché porteur». Dans ce contexte, il est urgent de penser à des politiques sanitaires, sociales et médicosociales fondées sur l'observation et l'analyse des besoins des territoires.