CONSULTATION RÉFÉRENDAIRE OU CONSTITUANTE ?

L e moins que l'on puisse dire c'est que la proposition du Président Jacques Gillot de demander une consultation référendaire fait bouger les lignes. En tout cas, elle déstabilise ce qu'on a qualifié, à tort, de «socle de gauche». Gillot, qui a certainement mal encaissé la manœuvre qui consis- tait à retourner contre lui sa démarche d'un Projet guadeloupéen, pour l'enfermer dans le statu quo, a surpris ses partenaires en prenant l'initiative de sortir par le haut, ébranlant le consensus qui n'a depuis longtemps que le nom. On comprend alors, la crispa- tion des socialistes et l'embarras du PPDG poussés dans leur dernier retranchement. Bravo Jacquot pour ce coup qui permet de clarifier les objectifs politiques réels des uns et des autres ! Mais rien n'est encore tout à fait joué. Car, pour courageuse qu'elle soit, la proposition de Jacques Gillot d'une consultation référendaire, telle qu'elle est formulée, n'ouvre pas de réelles perspectives d'évolution politique. En refusant d'affronter la peur d’un changement de statut, instillée depuis 55 ans dans la conscience des Guadeloupéens par tous les ennemis de notre peuple, il limite son désir de changement à l'article 73 de la Constitution française et plébiscite l'assimilation.Est-ce là son choix intime ? En se remettant aux instances françaises pour décider de la forme des institutions et des compéten - ces de l'Assemblée que choisiraient les Guadeloupéens, il renonce à notre droit légitime de décider de notre destin. Si la proposition d'une consulta - tion référendaire n'est pas un coup politicien pour faire peur à ses par- tenaires, le Président Jacques Gillot doit aller plus loin dans la voie qu'il a empruntée. Les Communistes guadeloupéens, prenant appui sur les conclusions de la Convention de Morne Rouge de 1971 pour l'Auto-nomie, ont remis dans le débat, la seule pro- position valable pour nous per- mettre de résoudre démocratiquement la question centrale de notre responsabilité de peuple en relation avec l'Etat français : la mise en place, par la voie du suffrage universel direct, à la proportionnelle, d'une Assemblée Constituante. Cette Assemblée Constituante, où tous les courants de pensée politique seront démocratiquement représentés, aura pour seule com - pétence d'élaborer un statut politique pour le pays. Pour l'heure, c'est la seule pro - position qui déroge au cadre prédéterminé de la Constitution française qui nous est imposé et c'est la seule qui nous permet de rester jusqu'au bout, maître de notre choix. La formule Assemblée Constituante fait peur, heurte des sen - sibilités ? Nous n'avons pas de fétichisme de mots ou de formules. Ce qui importe, c'est le contenu, la méthode pour atteindre nosobjectifs. Alors, si nous sommes d'ac - cord pour que ce soit les Guadeloupéens qui choisissent démocratiquement leur cadre institutionnel et statutaire, mettons-nous ensemble pour exi - ger du pouvoir français la mise en place de ce cadre démocratique où les élus, investis par le peuple pour cette mission, tra - vailleront à élaborer le statut. Trouverons-nous des Guadeloupéens assez courageux pour prendre cette main que nous leur tendons ?