Hommage à Félix Francisquin un vaillant militant du PCG

Félix Francisquin s'en est allé le 3 décembre 2012.La pitoyable faucheuse,par le touchement d’un automobiliste a mis fin à la trajectoire de sa vie sur la route qu’il empruntait depuis plusieurs dizaines d’années et qui la conduisait de son domicile de Lebraire Morne-à-l’Eau jusqu’à Paviot dans sa commune natale d’Anse-Bertrand.

C amarades, amis, nous pleu- rons aujourd'hui un frère, un père, un époux! Un homme digne! On nonm dou - bout! Cet hommage rempli d'émotion que nous rendons en ce moment a l'homme a ce camara - de, ne sacrifie pas seulement a un rituel qui est de mise au Parti Communiste Guadeloupéen pour ses militants qui se distinguent du rang, mais, face à ce symbole et à la dimension qu'incarne à nos yeux ce veteran communiste, il nous a paru opportun de faire un rappel de son parcours, qui puisse aider à irradier l'action d'autres compa - triotes pour les combats futurs, indispensables à la survie de notre pays. Francisquin n'était pas seulement un géant que par la taille, ni un colosse que par la morphologie de sa silhouette, qui à pas assuré n'hésitait pas à aller vers l'autre. C'était vraiment un vaillant mili- tant du P.C.G. Sans bruit, sans tapage, présent quand il faut, la où il faut, il assumait son devoir de militant communiste. De sa carrure imposante, se dégageait un calme et une affabilité qui inspirait confiance et respect. Si je me sens autorisé à faire l'éloge funèbre de notre regretté camarade et ami aujourd'hui, deux raisons fondamentales plaident en faveur de cette légitimité. La longévité de notre relation d'une part, la force, la sincérité et la fidélité de notre amitié d'autre part.

Les fils de nos liens se sont tissés en 1980, voilà 32 ans déjà à l'usine de Beauport où il s'y rendait chaque jour pour gagner sa croûte en tant qu'ouvrier, alors que moi je faisais mes premiers pas dans la vie active, comme pratiquement tous les jeunes de ma génération et de la région qui se devaient de passer par Beauport, poumon économique du nord grande terre. Notre relation justement, a grandie, a mûrie, s'est enrichie, s'est fidélisée dans le combat pour la survie de la scop de Beauport et la sauvegarde de l'industrie sucrière entre autre. Chaque fois c'est tou- jours avec grand plaisir, en toute convivialité et avec tout le bonheur que partagent deux camarades de même conviction qu'on s e voyait pour échanger sur tel ou tel aspect de la vie sociale, politique ou économique tant au niveau de la Guadeloupe, de la France et du monde.

Francisquin était un homme doté d'une intelligence politique très prodigieuse. Très peu loquace, sa capacité d'écoute et d'analyse ont aiguisé chez lui une certaine aptitude à la mémorisation de dates, d'événements et les grands de l'histoire de notre peuple et du monde. Ces nombreux atouts ont fait de lui un très fin stratège poli - tique. Toujours soucieux de l'importance que revait la stratégie de combat à mettre en place, il évitait souvent de l'exposer en public. Mais en tête à tête, il argumentait et étayait par des exemples précis et concrets sa vision des choses et la tactique dont le parti devait user pour atteindre l'adversaire. En dépit de son implication personnelle pour comprendre la marche du monde, l'action de Francisquin me permet de mesurer le travail accompli par les dirigeants histo- riques du P.C.G dans la construction de l'homme guadeloupéen. Il fut en première ligne de tous les combats que le parti livra. A Anse Bertrand aux côtés de Guy Daninthe face au nervis de la droite, à Port louis aux côtés de Charles Edwige face à la frocit du pouvoir colonial, à Petit canal près de Maxillien Vrécord face à la fraude électorale et à Morne à l'eau pour porter Gerty en triomphe et tous ceux qui ont suivi sa trace dans la lutte. Jeune militant communiste mes premières armes au contact de F . F a Beauport m'ont permis d'avoir une boussole, de bénéficier d'une certaine expérience et de disposer très tôt de la maturité politique nécessaire pour affronter l'ennemi dans le combat de classe.

Fin stratège, il disposait aussi d'une certaine aisance pour parler de la politique telle qu'elle se déroulait sur le plan international. Car pour lui tout est lie. C'est sans encombre qu'il te parlait du combat de Ferhat Abbas, de Patrice Lumumba, et de la politique de Nasser, de Néhru, deT ito et de bien d'autres grands de ce monde des années 60. Quand De Gaulle traite l'ONU de « machin » et que Khrouchtchev tape sur le bureau de cette prestigieuse organisation avec ses chaussures, Félix Francisquin trouve les arguments pour t'expliquer les manœuvres politiques que les uns et les autres tramaient, par de telles actions de diversions ou autres.

Moi qui venais de laisser les bancs de l'école, il m'obligeait à aller revoir mes livres, ou encore à avoir une oreille plus attentive vis-à-vis des évènements internationaux de l'époque. Cet homme m'a aiguillé, m'a conseillé, et à contribué à ma formation d'homme et de mili - tant communiste.

Toujours en accord avec la ligne du parti, il était pourtant loin d'être un communiste obtus, ferme. Ses nombreuses activités et son long passé de militant ont ren - contré certes, chez lui des moments de lassitude et de dégout, que jamais l'adversaire n'eut le temps de déceler . Aussi, devant les palinodies ou attra- pe nigauds des uns et des autres, il se plaisait à dire à qui mieux mieux : MWEN SE ON KOUYON! MEN PON MOUN' PEKE KOUYONNE MWEN! Fort de ses convictions et des clés qu'il disposait pour percer les énigmes.

Profitant d'une retraite bien méri- tée, ses différents voyages à Cuba aux USA en France, en Allemagne, en Suisse et dans bien d'autres contrées de l'Europe et de l'Amérique du Sud, ainsi que ses nombreuses croisières dans la caraïbe lui ont offert des grands moments de bonheur qu'il a eu a partager avec son épouse appelée très affectueusement nanna.

Lors de la dernière cérémonie de remise de carte de la section de Morne à l'Eau, c'est à moi qu'est revenu l'honneur de remettre à Félix sa carte.

En 2008, lors d'une manifestation commémorant le 50e anniversaire de la création du P C G, Félix recevait des mains du Secrétaire Général du parti, son diplôme d'honneur de militant communiste pour la fidélité et la longévité d'une vie militante de plus de 50 ans. Il me confia que c'était la manifestation de la preuve de la plus belle reconnaissance qu'il n'ait jamais eu à recevoir.

Camarade ! Tu t'en vas retrouver d'illustres militants de notre parti qui t'ont précédé dans le sillon. Ils sont trop nombreux pour lesciter . Mais comment ne pas faire état de ce hasard du calendrier ou ce 03 décembre coïncide avec la disparition de feu Euvremont GENE que tu vénérais tant et qui est parti dans des conditions presque aussi tragiques que toi. L'univers a ses secrets qui demeu - rent pour nous de vrai mystère. Camarade, tu as accompli ton œuvre, repose en paix! Que ton épouse, tes enfants et tes proches trouvent ici en mon nom person - nel et au nom de tout le P C G toute notre gratitude et nos condoléances attristées.