Débattons d'un service public des carburants

On a beaucoup communiqué, polémiqué et pour certains, gesticulés ces jours derniers à propos des carburants.

D'un côté, le syndicat des gérants de station service a mené une intense campagne de communication destinée à défendre les intérêts de leur profession, de l'autr e, le président du Conseil Régional de la Guadeloupe se propose aujourd'hui, de faire ce que le ministr e de l'Outre-Mer V ictorin Lur el n'a pas fait hier .

Dans un communiqué daté du 13 mars 2015, le président de Région, se dit : «décidé à lancer le débat sur l'opportunité de doter l'archipel de structures de stockages autres que la SARA et d'envisager parallèlement des sources d'approvisionnement dans la zone Caraïbe». Il aurait du dir e, accepter de débat tr e de la proposition de création d'un service public d'approvisionnement et de distribution des carburants formulée et rendue publique par le Parti Communiste Guadeloupéen le 5 décembre 2008.

Cela fait donc maintenant 7 ans que nous avons ouvert ce débat, et depuis, nous n'avons eu de cesse, au travers de dif fér entes analyses et déclarations de réitérer nos propositions.

Entre temps, trois Guadeloupéens se sont succédés au ministère del'«Outr e-Mer» deux décrets ont vu le jour, qui n'ont rien changé au racket et à la pwofitasyion que les compagnies pétr olièr es font subir aux Guadeloupéens depuis plus de quarante ans. Pire, ces compagnies sangsues menacent la Guadeloupe d'une rupture d'approvisionnement en violant en toute impunité les dispositions légales qui leurs font obligation de disposer de stocks stratégiques.

Dans son communiqué, le Président de Région s'offusque de ce chantage et en réfère au Préfet pour faire respecter la loi, mais il est vrai qu'il croit être en France. Il n'a pas compris qu'ici en Guadeloupe c'est la colonie, et que la fonction d'une colonie c'est de servir les intérêts de sa métr opole. Nous le répétons, la question des carburants est une question politique (comme celle de l'eau, de l'éner gie du traitement des déchets), une chose est de dénoncer l'opacité de la détermination des prix, et les marges exorbitantes de la SARA et de ses actionnaires, autre chose est de mettre en place une autre organisation de la filière carburants qui mette un terme définitif au racket et à la pwofitasyion que les Guadeloupéens subissent depuis des décennies.

Si nous voulons «envisager parallèlement des sources d'approvisionnement dans la zone Caraïbe», il nous faut lever l'obstacle que constitue notr e statut de département français et de Région Ultrapériphérique del'Eur ope, en obtenant un statut de large autonomie qui nous permette de sortir de l'application du droit commun français et européen et de nous insérer pour notre propre compte et au bénéfice de tous les Guadeloupéens dans la coopération Caraïbe.

Le débat est ouvert, nous y versons comme contribution, la déclaration suivante en date du 27 décembre 2013.

POUR UN SERVICE PUBLIC INTÉGRÉ, D'APPROVISIONNEMENT DE STOCKAGE ET DE DISTRIBUTION DES CARBURANTS ET PRODUITS PÉTROLIERS

Le projet de décret de Victorin Lurel, portant réforme de la réglementation des prix des carburants en Outre-Mer, qui a reçu un avis favorable de l'autorité de la concurrence, l'aval des Conseils Régional et Général et le soutien de tous les parlementaires de la Guadeloupe, relève, il faut le reconnaître, d'une bonne intention : introduire un peu plus de transparence dans le mécanisme de fixation des prix du carburant et une meilleure connaissance des pr ofits engrangés par les compagniespétr olièr es. Mais, il ne s'attaque pas au problème de fond, il ne révolutionne pas le système.

En effet, une chose est de constater l'évidence du manque de transparence et de dénoncer les marges trop élevées des acteurs de la filièr e, autre chose est de s'attaquer et de mettr e fin au système, qui leur a permis de réaliser des pr ofits colossaux sur le dos des usagers guadeloupéens depuis des décennies.

De l'aveu du ministr e de l'Outre- Mer , son décr et a pour finalité de consolider le modèle économique de la distribution des carburants dans les DOM, or , c'est précisément ce modèle économique libéral, fondé sur la loi du marché et de la rentabilité capitaliste qui garantit aux compagnies pétrolières leur profit indécent.

L'opposition agressive des compagnies pétrolières et des gérants de stations dans une alliance plus ou moins trouble contre ce décret qui ne va pas ébranler leur position, ne peut les rendre que plus suspects.

Le Parti Communiste Guadeloupéen, considère que dans la situation de la Guadeloupe, les carburants qui sont indispensables pour la couverture des besoins énergétiques des Guadeloupéens, constituent un secteur stratégique pour le développement du pays.

La gestion des carburants ne peut être laissée aux mains d'entreprises dont la logique de profit est incompatible avec l'intérêt général.

Seule une gestion publique hors des exigences de la rentabilité capitaliste peut garantir l'intérêt général, l'efficacité économique et sociale.

Le Parti Communiste Guadeloupéen, réitère sa proposition formulée en 2008 de création d'un service public d'approvisionnement et de distribution des carburants et produits pétroliers, géré par une entreprise publique intégrée réalisant la totalité des fonctions de la filière carburants (approvisionnement, raffinage, stockage, distribution).

La création de ce service public permettra :

o De mettr e un terme au diktat et au racket des compagniespétr olièr es qui contrôlent et possèdent en réalité l'ensemble de la filière carburant.

o D'assurer la transparence, la vérité et la baisse des prix en supprimant les coûts et les marges indus.

o De négocier et de contractualiser au mieux des intérêts de la Guadeloupe son appr ovisionnement notamment dans le cadre l'accord de coopérationPETROCARIBE.

Le Parti Communiste Guadeloupéen, ouvrira un vaste débat dans le pays pour associer tous les Guadeloupéens à l'élaboration de cette pr oposition et travaillera en partenariat avec les peuples frères de Martinique et Guyane qui sont confr ontés à la même situation que nous, pour permettr e en place une démarche commune sur ce sujet vital pour le développement de nos pays respectifs.

Pointe-à-Pitre, le 27 décembre 2013