Commémoration de la sanglante répression du 14 février 1952 au Moule

Pour ce 61e anniversaire de la sanglante répr ession du 14 février 1952,la Confédération Générale des TravailleursGuadeloupéens, (C GT G) et le Parti Communiste Guadeloupéen (PCG),se sont retrouvés comme dans le passé autour de la stèle élevée à la mémoire des …

L es deux organisations ont tenu chacune à déposer une gerbe au pied de la stèle du souvenir pour que cette histoire ne tombe pas dans l'oubli. Le coup d'envoi de la manifesta- tion a été donné par l'intervention de M. Clotaire Rimbon, membre de la CGTG, qui a donné lecture du discours prononcé par M. Césario Siban, ancien 1er adjoint faisant fonction de Maire à l'époque, en l'absence de Rosan Girard à l'époque, député à l'Assemblée nationale française. C'est M. Edouard Francietta qui est intervenu au nom du Parti Communiste Guadeloupéen. Dans son discours, il souligna le rôle joué par son organisation et le poids de la répression que subissaient les travailleurs, majoritairement organisés dans le PCG et la CGTG. Edouard Francietta a exhorté les Guadeloupéens à se souvenir des luttes menées par les travailleurs, par les ouvriers et à reconnaître que ces luttes ont été un facteur déterminant pour l'évolution de la société guadeloupéenne. Selon l'intervenant, l'histoire de la Guadeloupe est indissociable des luttes des travailleurs

. Elles ont été souvent sanglantes. Pour rendre plus difficile la répétition de tels évènements et avancer sur le chemin de l'émancipation du peuple guadeloupéen lance-t-il, il est indispensable que le combat soit mené ensemble de manière permanente aussi bien sur le ter - rain syndical que politique. C'est le Secrétaire Général de la CGTG, M. Jean-Marie Nomertin qui a fait l'historique des grandes luttes syndicales menées par les ouvriers de la canne avec le concours du PCG et de la CGTG. D'après son intervention, il va être dif ficile pour que ce qui s'est produit dans ces lieux en février195 2 ne se reproduise pas à l'a- venir car, 15 ans après, le pouvoir en place a frappé en mai 1967 à Pointe-à-Pitre, ce fut le cas pour les évènements de 2009 où Jacques Bino a perdu la vie. C'est dit-il, le prix à payer pour que les choses changent dans notre société. Le Secrétaire Général de la CGTG, invite à son tour les Guadeloupéens à l'unité sur des bases claires pour y faire face et à toujours se souvenir de l'action de ces martyrs tombés sous les balles des CRS (Compagnie Républicaine de Sécurité) pour arracher les droits sociaux que nous connaissons aujourd'hui. Après ces deux interventions, M. Jean Galleron, Président de l'association du Souvenir de Rosan Girard, a donné lecture d'un des récits de ce dernier sur les évènements sanglants du 14 février 1952. Pour que la mémoire se transmettre de génération en généra - tion, à notre tour , nous reprodui - sons un article de Rosan Girard paru dans le journal l'Etincelle du 22 avril 1952 : «Les travailleurs guadeloupéens de toutes tendances confondues, politiques et syndicales étaient unis dans leur volonté de poursuivre et de gagner une grève juste. Les couches les plus larges appuyaient leurs revendications.… Les CRS ont abordé le boulevard Rougé par son extrémité nord-ouest c'est-à-dire à l'opposé de la barri - cade dressé et ils ont tiré les pre - miers coups de feu au niveau de la savane Poyen, soit 500 mètres environ de la barricade. Les pre - mières victimes ont été faites, Place Pasteur devant le cimetière soit environ 450 mètres. De façon plus précise, Justinien Capitolin, le premier assassiné est tombé mortellement blessé au carrefour de la rue Clémenceau et du boulevard Rougé devant la maison de Mme Sordier Sarha à 400 mèt - res environ de la barricade. Lernon Edouard, le 2e assassiné est tombé mortellement blessé à l'angle des rues Albert 1er et du Docteur Nesty à 350 mètres environ de la barricade. Mme. Constance Dulac, la troisième assassinée a été mortellement frappée dans une cour où elle s'é - tait réfugiée environ 100 mètres de la barricade. Serdot François a été ramassé blessé à mort dans le cimetière à environ 500 mètres. Les blessés ont été faits, Place Pasteur, rue Duchassing, derrière le Moulin Rouge, au carrefour du boulevard Rougé et de la rue de Sainte-Anne et non sur la barrica - de. trente citoyens et citoyennes du Moule de toutes tendances politiques confondues déclarent détenir une ou plusieurs balles, morceaux de grenades ou avoir de 1 à 15 perforations dans leurs maisons situées dans huit ruesdif férentes. La maison mortuaire Place Pasteur porte 14 perforations. Le transformateur électrique en a 6 et le mur de clôture du cimetière en est criblé. La maison de Melle Y vonne Arconte sise rue Duchassing à 370 mètres environ du boulevard Rougé porte des traces de balles. Une case sise sur la route de Saint-François au lieu-dit «V erger de Tessonneau» en porte égale- ment. Ces deux maisons sont dis - tantes de 1150 mètres environ dans la direction Est-Ouest. La maison de M. Clorindre, sise à l'Angle des rues Desbonnes et Jeanne-d'Arc et la maison de M. Beza Augustin sise à Sergent (Cendriller) porte des traces de balles. Les deux maisons d'envi - ron 1000 mètres dans la direction Nord-Sud. Le Maire du Moule détient 53 pièces à convictions (balles, douilles, morceaux de grenade et une grenade non éclatée portant les marques AFM 145 48). La cause est entendue pour tous les honnêtes gens. Au Moule, le 14 février dernier, il y eut crime prémédité sur une population innocente et désarmée. Le responsable de ce crime sur le plan local est le Préfet Villeger». Signé Rosan Girard Voilà un pan de l'histoire de la Guadeloupe qui fait aussi partie de l'histoire de France coloniale, que les générations présentes et futures devraient connaitre.