Pour la première fois de l'histoire... la Guadeloupe sera administrée par une Préfète autochtone

Arrivée à Pôle Caraïbe,le mercredi 22 février 2013, sous les coups des seize heures,la Préfète,Mme Marcelle Pierrot a donné rendez-vous à la presse locale dans le salon d'honneur de l'aéroport. C'était l'occasion de lui poser quelques questions avant sa prise de fonction officielle.

La Presse : Doit-on vous appeler Mme la Préfète ?
Marcelle Pierrot : C'est ainsi que j'ai été nommée, mais je consi- dère qu'il y a lieu que l'on m'ap- pela ainsi, c'est une façon aussi de préparer la transmission. Effectivement, il n'y a pas beaucoup de femmes Préfètes, quoi que, depuis un mois, le gouver - nement en a nommé beaucoup plus. Avec mes collègues nouvellement nommées nous sommes heureuses qu'il en soit ainsi. Il faut que les uns et les autres s'habituent à voir les femmes investies sur ces fonctions-là.

La Presse : Certaines personnes considèr ent que c'est une chan- ce pour la Guadeloupe d'avoir une femme Préfète. Etes-vous du même avis ?
M.P : Je viens ici comme Préfète de la République, j'exercerai mon métier comme je l'ai toujours exercé sur les autres postes. Bien sûr avec ma sensibilité féminine, ma sensibilité de mes origines mais en sachant qu'il y a un socle de compétence des mis - sions qui me sont réservées et je les exercerai au regard des singularités du territoire comme j'ai fait ailleurs.

La Presse : Vous disiez à votre arrivée que vous avez de grands dossiers qui vous attendent, que vous êtes tout à fait lucide sur ce qui vous attend en Guadeloupe. Quels sont ces grands dossiers ?
M.P : Déjà, j'ai à mettre en œuvre comme vous le savez, les mesures gouvernementales. J'ai aussi à prendre comme je vous l'ai annoncé, les singularités du territoire, alors il en sera ainsi sur l'emploi, sur la compétitivité des entreprises, sur la sécurité... J'ai conscience, puisque je viens souvent en Guadeloupe qu'il y a à faire dans le «département» y compris à Saint-Martin et Saint- Barthélemy au regard des faits de délinquance et de violence qui sont souvent associés. Et puis sur l'emploi, il ne m'a pas échappé qu'il y a un taux de chômage relativement important et qui touche aussi les jeunes. V ous savez qu'en ce moment, il y a une grande campagne pour promouvoir les emplois d'avenir et les contrats de génération. Làdessus, je m'y emploierai, j'ai bien noté qu'il y avait des attentes des Guadeloupéens notam - ment sur la question du coût de la vie et du mieux vivre dans ce«département». Et puis, à part cela, il y a la gouvernance des territoires, donc l'intercommunalité qui fait débat comme partout ailleurs, pas seulement en Guadeloupe, il en est de même en «métropo - le». C'est souvent un débat assez âpre mais en tout état de cause, nous avons le devoir en tant que Préfète ici en Guadeloupe mais tous les autres Préfets, le devoir de mener à parfaite achèvement cette réforme avant la fin du mois de juin.

La Presse : Maintenant que les guadeloupéens ont un Préfet femme, dépositaire de l'autorité de l'Etat à quoi devons- nous, nous attendre, à une dame de fer ?
M.P : La fermeté, elle sera là si nécessaire. Moi j'ai l'habitude d'observer, d'écouter, de pren- dre des décisions qui s'impo- sent et comme je l'ai toujours dit, me fâcher si on me met en colère, mais être proche des gens sans être forcément familière. J'exercerai mon métier comme je l'ai toujours exercé, encore une fois avec ma sensibilité de femme mais aussi avec la sensibilité de mes origines. Il ne vous a pas échappé que j'ai été Préfète déjà depuis quatre fois et que pour ceux qui m'accueillaient c'était aussi une singularité d'accueillir une femme en outre, noire et antillaise. Il a bien fallu qu'ils s'y fassent mais ils l'ont fait au regard de mon action et au regard de mon bilan. Je crois que les préjugés et aut - res, s'effacent devant le bilan.

La Presse : Vous savez qu'on dit aussi qu'il est dif ficile de diriger les Guadeloupéens ?
M.P : Oui, mais il m'est revenu un certain nombre d'observations faites par les Guadeloupéens. J'ai cru comprendre aussi qu'ils avaient bien noté qu e j'avais des responsabilités et que je les exer - cerai avec la compétence qu'il faut, l'engagement, l'enthou - siasme, l'humilité qui ne sera pas exsangue de ma façon de faire.

La Presse : Quel va être votre calendrier pour les prochains jours ?
M.P :Pour les prochains jours, j'aurai tous mes protocoles à faire, mais en interne j'aurai aussi des actions à conduire. Vous savez bien qu'un Préfet a l'obligation de regarder les dos- siers quant au fond. Donc, lais- sez moi arriver, laissez moi observer et je ne manquerai pas de vous rencontrer chaque fois que ce sera opportun.