19-28 février 2013 Semaine Anticoloniale à Paris

Du 19 au 28 février 2013,se tient à Paris une série de manifestations baptisées “Semaine Anticoloniale à Paris”dont la volonté affichée par ses organisateurs est “d'agir contre le colonialisme d'hier et d'aujourd'hui.”

D e nombreux débats, conférences, remise de prix littéraire et manifes- tations culturelles, répartis en différents lieux de la capitale française et à des dates précises, animeront cette “Semaine.”

Ce qui permettra aux gens inté- ressés, en fonction de leurs goûts et de leurs disponibilités, de pouvoir prendre contact avec ce qui était la réalité coloniale d'hier et celle d'aujourd'hui.

Notre pays, violé en permanen - ce, maculé par les crachats, les vomissures du colonialisme, pié - tiné par la gouvernance désastreuse et irresponsable de la France, offre l'exemple typique d'un pays qui n'a jamais cessé d'être colonisé, qui n'a jamais connu de répit, de pause entre les affres de la colonisation d'hier et celles d'aujourd'hui. Depuis 1635 il subit la dure loi de la colonisation française.

Des thèmes forts comme : “l'his- toire des décolonisations “volées” et l'actualité du néocolonialisme français en Afrique”, “l'Appel de Bandoeng(1) et ses conséquences”, “audition pour la rédaction du rapport identité nationale = identité coloniale”, “colonisation en Palestine”, “50 années d'indépendances confisquées : l'actualité de la Françafrique”, “climat, écologie et néocolonialisme”, “états généraux anti-coloniaux de l'Outre-mer ,” etc, seront traités. Issues pour la plupart de l'ancien et gigantesque empire colonial français, baptisé ”Union françai- se” : Afrique Occidentale françai- se, Afrique Equatoriale française, Madagascar , Algérie, territoires sous protectorat, colonies éparpillées aux quatre coins de la planète qui allaient devenir plus tard Départements et territoires d'Outre-mer (DOM-TOM), ces associations, quelle que soit la situation administrative de leurs pays respectifs, de pays indépendants à colonie de consommation comme le nôtre, ont pris le parti de dénoncer le néocolonialisme, le colonialisme, leur monstruosité. De dénoncer avec force cette misérable et humiliante agression verbale des colonialistes français en direc - tion des anciens asservis, au motif que la colonisation, l'as - servissement, l'humiliation des peuples, contenaient des “aspects positifs.” D'autres partis et associations se sont joints à ces manifestations. Citons le Parti communiste fran- çais, les Verts, le Nouveau parti anti-capitaliste, ATTAC, le Réseau Frantz Fanon, Agir contre le colonialisme aujourd'hui, Afriques en lutte.

Des potentats mis en place par la Françafrique, esclaves du trafic d'influence, otages de la corrup- tion, pions du néo-colonialisme, dont la servilité n'a d'égal que leur appétit pour les biens matériels “acquis” comme on sait, leur goût immodéré du luxe et de la luxure, seront mis sur la sellette.

“LE CRI DES NÈGRES”

Des témoignages seront entendus comme ceux de l'é- crivain algérien Youcef Dris, auteur du livre : “Les massacres d'octobre 1961” à Paris (2) qui résume en quelques pages ce que la France coloniale a fait comme horreurs en 132 ans de présence en Algérie.

Sera également évoqué le massacre de la grotte d'Ouvéa en Nouvelle Calédonie, desti - né à supprimer les nationalistes Kanaks, dont Eloi Machoro ou Jean-Marie Tjibaou qui gênaient l'exploitation tran - quille, le pillage sans contestation du nickel calédonien.

A cette occasion, l'usage de l'enfumage asphyxiant, pratique jadis réservée aux “bicots” (3) algériens, fut remise au goût du jour. Rappelons que cet énième crime colonial fut commandité sous la responsabilité conjointe de François Mitterrand et Jacques Chirac, respectivement président de la République et Premier ministre à l'époque des faits.

“L'ordre et la morale”, film de Mathieu Kassovitz consacré au massacre d'Ouvéa, fut interdit de dif fusion en Nouvelle Calédonie. Il n'a jamais été projeté en Guadeloupe.

Nous connaissons ce que le colonialisme français a pu com - mettre chez nous comme monstruosités : 14 février 1952, mai 1967, l'un des crimes les plus abjects du colonialisme ici, et nous en passons...

Loin de subir passivement le racisme, les discriminations, les brutalités, les humiliations du colonialisme français, les originaires de cet empire colonial présents en France, s'étaient organisés sur une base de classe, prolétarienne, non communautariste, anti-colonialiste, antiimpérialiste, dès le début des années trente.

Leur mensuel intitulé : “Le Cri des Nègres” imprimé en France, était diffusé et lu dans tout l'empire colonial français, en dépit des entraves et des mena- ces du pouvoir. Les articles et reportages étaient consacrés entièrement à l'examen de la situation intérieure de chaque colonie, en liaison avec la lutte générale de ces peuples pour leur émancipation.

La ligne éditoriale consistait à expliquer concrètement et sans cesse aux colonisés, la nécessité d'engager le combat pour la libération nationale et sociale de chacun des peuples concernés. Cette “Semaine Anticoloniale” se terminera le 28 février prochain par la projection d'un film de Robert Guédiguian (4), et la remise d'un rapport sur “l'identité coloniale de la France.”

Le Parti communiste guadelou- péen approuve, s'associe pleine - ment à cette démarche, consis- tant à dénoncer les méfaits du colonialisme français partout où ils sont perpétrés.

(1)En avril 1955, “Les damnés de la terre”, les pays colonisés d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, réunis dans la ville de Bandoeng en Indonésie allaient donner naissance au “T iers-Monde” pour changer le cours de l'histoire au travers des luttes de libération nationale.

(2) François Hollande, dans un bref communi- qué a déclaré que “la République reconnaît avec lucidité ces faits”, en relation avec les manifestations du 17 octobre 1961 à Paris.

(3) Mot d'insulte utilisé par les Français pour désigner le peuple algérien, l'indigène, considéré comme des moins que rien.

(4) ”Dieu vomit les tièdes”, “l'Armée du crime” sont deux titres majeurs de films produits par Robert Guédiguian. Il a choisi son camp, celui de ceux qui souffrent, qui luttent contre la mondialisation capitaliste, contre la misère généralisée. Il est l'une des voix qui tentent de redynamiser toutes les consciences endormies de par le monde.