ACTE III de la décentralisation, le pêché des socialistes guadeloupéens

C ontre toute évidence et à contre-courant de la tendance générale qui, de la France à la Réunion en passant par la Guadeloupe exprime une forte réserve voir, pour certains, une invali- dation de l'acte III de la décen- tralisation, les socialistes guadeloupéens foncent voile au vent pour amarrer la Guadeloupe à cette charrette à trois roues pilotée par des socialistes français.

Ils sont prêts à croiser les fers avec les adversaires, mais plus grave, avec les alliés politiques avec une brutalité surprenan - te pour interdire à la Guadeloupe de parler d'autres choses que de l'acte III. Pourtant, les élus, dans ce fameux congrès du 15 mars, ont voté une résolution où ils s'ins - crivent dans cet acte III, en fai - sant même des propositions de bloc de compétence.

Alors, pourquoi sont-ils donc sur le pied de guerre ? Nous avons été regardé ce projet de loi et nous n'avons rien vu de spécifique qui pourrait intéresser notre pays. Il s'agit d'un énième aménage- ment administratif et institutionnel du territoire français pour régler les problèmes de moyens et de gouvernance rencontrés par la France « encaillée » dans la tourmente de la crise capitaliste.

Pourquoi les socialistes guade- loupéens veulent-ils absolument nous faire avaler ça, alors que les plus concernés, les élus français, trouvent cette réforme mal ficelée, précipitée et improductive à terme ? Le Président des Régions de France, Alain Rousselet, exprime plus que des doutes sur les avancées démocratiques et les clarifications que pourrait apporter ce texte dans la gouvernance des Régions. Monsieur Jacques Pélissard, le Président de l'Association des maires de France, quant à lui, dénonce la vision technocratique du texte.

Comment donc, Monsieur Max Mathiasin, Premier Secrétaire de la Fédération Socialiste en Guadeloupe peut-il affirmer, d'ici, sans apporter aucune preuve tangible que : «Ce texte constitue une avancée considérable pour nos collectivités et notre population». Cette position est d'autant plus incongrue que dans le même temps des collectivités de la France «hexagonale», s'organise pour échapper à cet acte de décentralisation.

C'est le cas en Alsace où les Conseils généraux du Haut-Rhin et du Bas-Rhin vont fusionner avec la Région pour constituer une nouvelle collectivité territoriale. Les électeurs sont appelés à se prononcer le 7 avril prochain sur cette fusion.

C'est également le cas pour trois départements de la région centre : le L'Eure-et-Loir , le Loir -et-Cher et le Loiret qui ont décidé de fusionner pour mutualiser leurs moyens. La Réunion n'est pas en reste. Dans une déclaration datée du 20 mars, Nassimah Dindar, Présidente du Conseil général de la Réunion, V ice-Présidente de l'Association des Départements français déclare : «L'urgence économique et sociale qui prévaut outre-mer exige la pleine maturation de la réflexion sur notre devenir institutionnel. Un pacte de gouvernance territoriale spécifique à chaque outre-mer doit pouvoir être élaboré. Chaque territoire doit pouvoir prendre en mains son destin sans pour autant craindre le spectre de l'automne ou del'indépendance».

Et pan sur le bec de Mathiasin qui voit dans la proposition du Président Gillot d'une consul - tation référendaire, une manœuvre des Autonomistes et des Indépendantistes.

Les socialistes guadeloupéens sont-ils seulement aveugles pour ne pas voir : Saint-Martin et Saint-Barthélemy ont fait depuis 2003 le choix d'une évolution statutaire et elles avancent tranquillement à leur rythme et en confiance ; La Martinique et la Guyane seront érigées en collectivité unique bientôt ; la Réunion se prépare à faire le saut institu- tionnel. Des trois dernières colonies de la France dans la Caraïbe, la Guadeloupe, prise en otage par les socialistes est le seul territoire qui évolue à contre-courant de l'histoire. Pourquoi les socialistes refu - sent-ils de voir le pays réel et continuent à exister les yeux rivés sur Paris ?

Seraient-ils aussi mesquins pour sacrifier les intérêts généraux de la Guadeloupe, parce que l'acte III de la décentralisation dans sa ver - sion connue apporte un peu plus de pouvoir et de moyens à la Région ? On n'ose pas le croire ! Alors, ce qu'ils sont vraiment possédés par le pêché mortel de l'assimilation.