Comores : Présidentielles comoriennes 2016 : le tour de Mayotte

Le 31 mars 2011,l'île comorienne de Mayotte,détachée comme on sait du reste des Comores par la France,devenait le 101è “département français.”Depuis,cette île a fait en très peu de temps,sone xpérience d'authentique “colonie départementale de consommation.”

L e constat et le réveil ont été durs ! La même année, sept mois plus tard, comme les quatre au-tres “colonies départementales de consommation” de Guadeloupe, Guyane, Martinique et Réunion, Mayotte apprenait à ses dépens, qu'en matière de tromperie coloniale, plus que dans tout autre domai - ne, “les promesses n'engagent que ceux qui y croient.”Ceux qui, taraudés par les dif ficultés de la vie quotidienne, s'engouf- fraient, croyant à une amélioration de leurs conditions de vie, dans cette aventure néo-colo- niale sans issue. Chômage, misère, injustice, mépris, déni de leur culture, constituaient leur pain quotidien, accompagnés d'un proces - sus brutal d'acculturation, de lavage de cerveau, d'assimilation forcée. Grèves, barrages de routes, manifestations diverses, concrétisaient ce brutal réveil des Mahorais déçus, qui avaient eu la naïveté de croire aux tombereaux de promesses fallacieuses et de mensonges odieux, qui leur avaient été prodigués par le colonialisme français. Fort de notre expérience, nous avions prévu et décrit ces phénomènes par le menu dans les colonnes de ce journal(1), avant l'érection de Mayotte en “colonie départementale de consommation.” Le colonel Kadhafi lui-même, reçu deux ans plus tôt, en gran - de pompe à l'Elysée par NicolasSarkozy , ne s'était pas gêné pour accuser la France de “néo-colonialisme” à propos de Mayotte. Nous publions ci-dessous une déclaration du “Front Démocratique des Comores,” en date du 28 février 2013.

DÉCLARATION DU “FRONT DÉMOCRATIQUE DES COMORES”

Ce mois de février 2013 est mar- qué par la question des présiden - tielles de 2016 en Union des Comores ; les contraintes du prin- cipe de “la Tournante” imposent le tour de Mayotte. Le comité Maore, structure de la société civi - le qui célèbre de façon indépen - dante la journée du 12 novembre, date de l'admission des Comores aux Nations Unies en tant qu'Etat composé de quatre îles (Mayotte, Anjouan, Moheli et Grande Comore), soutient fermement l'application de ce principe auquel adhère entièrement la Fédération du FD de Maore.

Un Maorais à la tête de l'Union des Comores est un symbole fort de l'unité et du respect de l'application des principes de l'Etat de droit ; on ne peut pas marcher sur un acquis lourdement conquis et qui a eu le mérite de ramener la paix civile et politique, en partie du moins. Un maorais à la tête de l'Union des Comores demeure un moment fort de la lutte cont - re le séparatisme qui a, ces vingt dernières années, désagrégé les institutions de l'Etat comorien et semé au sein du peuple haine, vexation, xénophobie, brimades, toute une idéologie anti-peuple, anti-progrès, anti-démocratie ; des années noires qui ont profité à des opportunistes de tout bord pour vendre ce qui restait encore de la dignité comorienne au plus offrant ; la Nation comorien- ne est à construire, l'Etat-mendiant doit s'ef facer pour un Etat normal dans le concret des Etats du monde.

Un Maorais à la tête de l'Union des Comores est un événement significatif de l'Unité du peuple comorien dans les limites de son territoire internationalement reconnu. La question impose le débat au sein de la population et de la communauté internationa- le, un débat qu'étouffent et fuient les autorités comoriennes et françaises ; un débat qui hérisse les suppôts de la France- Afrique au point de vouloir piéti- ner, les premiers, leurs propres lois car cela va à l'encontre de leurs intérêts et leurs ambitions.

Un Maorais à la tête de l'Union des Comores, c'est poser ouvertement la problématique du rôle permanent de Mayotte dans la déstabilisation sur tous les plans des institutions et de la société de l'Etat comorien et, de plus en plus, des Etats de la Région, des structures communautaires régionales. C'est enfin reposer de façon concrète et pragmatique, selon les lois et valeurs internationales, la question de l'Unité inaliénable du peuple et de l'Etat comorien dans le cadre de ses frontières intangibles. Car l'enjeu n'est pas un président maorais-lige mais un individu capable d'impulser un dévelop - pement politique, économique et social, équilibré, harmonieux et complémentaire, dans la stabi- lité et pour le profit de la population ; un président pour qui la misère et ses causes sont de véritables ennemis au même titre que le séparatisme ; un président qui saura hisser le pays et l'intég- rer pleinement dans le concert des Nations.

pour mémoire, en 1994, le FD avait entrepris une telle démarche avec la candidature de Youssef Saïd Dzoudzou ; les ennemis du peuple comorien avaient alors réagi avec la vio- lence françafricaine connue ; l'échec de la démarche leur a laissé le champ libre pour tout ce en a suivi. Pour le moment M. Hakime Ali Saïd, journaliste de Mayotte 1ère, s'est déclaré publiquement candidat à la candidature au sein de son “comité” impliqué à Madagascar, La Réunion, dans les quatre îles, et afait état des démarches à entreprendre et de ses objectifs.

D'autres candidatures vont sûrement suivre et ce sera une bonne chose. L'Etat comorien doit se positionner clairement et publiquement ; les transac- tions secrètes baptisées négo- ciations ont nui à l'unité, ont institutionnaliser le séparatis- me et ont fait les affaires de la France. Le débat public est de rigueur, l'enjeu central est l'Unité du Pays.

Un Maorais président de l'Union des Comores est une bonne chose pour le pays et le peuple comorien. Maintenant, il faut l'arracher contre le gouverne- ment comorien et la France.

Front Démocratique des Comores Fédération ya Maore

(1) N.Etincelles n °414 du 17 mars 2011 - N. Etincelles n °441 du 20 octobre 2011