Haïti-Francophonie : Se décomplexer par rapport à la langue française

L es écrivains haïtiens invi - tent à se décomplexer par rapport à la langue françai- se et à partager une vision créolophone du monde, à l'occasion de la journée internationale de la francophonie, le 20 mars. Ils se sont exprimés lors d'une conférence tenue à la Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL) autour de «l'apport du créole dans la littérature francophone», un thème inspiré de celui retenu par les autorités haïtiennes pour la célébration du 20 mars : «la place du créole dans lafrancophonie». «Le créole peut apporter beaucoup de choses à la littérature francophone dans la mesure où nous sommes tous des écrivains d'abord créolophones. Tout ce que nous utilisons comme maté - riaux pour faire les livres, vient de notre manière de vivre, de notre rapport avec les autres et de notre regard sur le monde», déclare Émelie Prophète en marge de la conférence. «C'est d'ici que nous parlons, nous parlons à partir de ce nœud créolophone et c'est cette richesse là que nous apportons à la francophonie à la littérature francophone. Il y a toujours des mots, des façons de dire qui sont très spécifiques à Haïti. Cette pratique devient un enrichisse - ment», ajoute l'écrivaine. Dans leurs ouvrages, les auteurs communiquent à la communauté francophone «des préoccupations dans leur langue créole (…) des sonorités et des expressions (créo - les)», explique Geneviève Damas, auteure belge.

Tout ce qui constitue «le partage d'une vision du monde», selon Émelie Prophète, ou encore le «métissage», ce qui représente la réalité à l'échelle vitale, d'après Frankétienne. Il reste à faire pourtant un dépassement consistant à «s'ap - proprier» du français et que « nous nous exprimions comme nous voulons dans la langue française, sans avoir peur de commettre des fautes, de dire des choses (qu'on estime) inexactes», préconise l'écrivaine. «Il faudrait que nous intériorisions qu'ici nous parlons haïtien. Certes la langue française, mais la langue qui est utilisée ici». Cette idée s'inscrit dans une per- spective d'épanouissement de l'être (haïtien) appelé à «se mettre au diapason avec la culture (…)», estime Gary Victor. Une prise de décision est néces - saire pour ce dépassement, ne pas rire de l'autre du moment que la communication passe, surtout si la personne qui parle aurait commis une impaire de ne pas parler le français tel qu'il est parlé à Paris. «Le français, une chance» est mondialement le label retenu pour la célébration de la journée internationale de la francophonie pour cette année 2013.

Source : Alterpresse