LE DROIT DE TRAVAILLER EN GUADELOUPE !

L es derniers chiffres de l'INSEE indiquent que la Guadeloupe compterait officiellement 70 000 chômeurs au mois de février 2013, soit un peu plus de 23% de la population active. Mais, tous les observateurs de la situa- tion socio-économique du pays, toutes les victimes de ce fléau, savent que ce chiffre est loin de la réalité. De toute façon, aucun chiffre, aucun pourcentage relevant de calculs statistiques, les plus savants ne pourront jamais traduire l'ampleur du drame que vivent les hommes et les femmes privés d'emploi, mais aussi leurs pro- ches, surtout quand le chômage commence à s'inscrire dans le temps. Parmi ces personnes qui sont privées de leur droit au travail, il y aurait, si on s'en tient aux chiffres officiels, 60% de jeunes de moins de 30 ans. C'est énorme, insupportable et rien n'annonce un infléchissement de la tendance à la progression du chôma - ge qui se situe entre 4 à 6% par an depuis ces dix dernières années. Tout le monde sait que le travail est le premier élément qui concoure à la formation de la personnalité de l'homme, qui lui donne sa dignité et sa verticalité dans la société. Le non-travail est un facteur de déstructuration de la personne et un participe à la dégradation des rapports sociaux. La société ne peut pas accepter le chômage comme un état de fait, encore moins comme un élément de régulation économique. Nous ne devons pas simplement nous contenter de parler du chômage les yeux rivés sur les statistiques. Nous devons déclarer la guerre au chômage en mobilisant tous les moyens à notre disposition et particulièrement les chô - meurs doivent sortir de leur mutisme et se porter en première ligne du front de refus de cette situation. Le chômeur n'est pas responsable de son état, il est victime, son droit légitime au travail, garantit par la Constitution française et la Charte des Droits de l'Homme, lui est refusé. Il doit se considérer en situation de légitime défense, et donc, obligé de se battre pour défendre son droit de vivre normalement et décemment dans la société. L'heure est venue de lancer une grande bataille politique, sociale, juridique mettant en mouvement chômeurs et salariés afin d'inverser la courbe du chô - mage en Guadeloupe. Dans une situation qui menace notre société, d'une déflagration aussi imprévisible qu'incontrôlable, il faut sortir des schémas classiques. Il faut mettre la pression sur les pou- voirs pour les engager sur le terrain d'une gestion de crise appelant des mesures originales qui peuvent des fois dérogées au droit commun. On ne peut continuer à former des jeunes dans tous les domaines pour qu'ils viennent grossir les rangs des chômeurs Il n'est plus possible de laisser des entreprises qui reçoivent de l'argent public, mettent la clé sous le paillasson en précipitant dans le chômage de dizaines de salariés sans prendre des mesures pour préserver leurs droits. Nous ne pouvons accepter sur notre territoire qui a ses limites et ses contraintes les principes du marché européen de la libre concurrence et de la libre circulation qui participent à la liquidation des entreprises et de la production guadeloupéenne. Sans nous laisser impressionner par les cris des hypocrites qui veulent nous opposer les principes de l'égalité et de non-discrimination, il faut nous engager résolument, avec détermination dans la voie de la préférence guadeloupéenne pour favoriser la création d'emplois des - tinés aux Guadeloupéens. Cela implique : de réserver une partie de la commande publique aux petites et moyennes entreprises du pays, la mise en place d'une charte obligeant les entreprises à embaucher localement. Cette préférence guadeloupéenne à l'emploi doit concerner également les services publics de l'Etat et des collectivités locales. D'ailleurs, cette revendication n'est plus tabou aujourd'hui, y compris au plus haut niveau de l'Etat français. Dans un communiqué publié le 10 avril dernier, le ministre Victorin Lurel annonce la nomination de Monsieur Patrick Lebreton en tant que parlemen - taire en mission sur les moyens de mieux faire profiter les «Ultramarins» des emplois créés dans leur territoire…Jusqu'où peut aller cette mission ? En choisissant d'installer P. Lebreton dans sa mission à la Réunion où il est en visite officielle, est-ce un signe que veut donner le ministre dans ce territoire ou précisément, la bataille pour la préfé - rence régionale a atteint un niveau de mobilisation «nationale» ? Encore une fois, n'attendons pas que le repas soit servi. Chômeurs, salariés, militants pour le respect de tous les droits humains, jetons nous dans la bataille pour briser les mécanismes de ce chômage institutionnalisé. Cette réponse urgente pour secouer l'inertie de la société ne peut en aucun cas nous éloigner de la lutte essentielle : Celle pour un développement endogène durable, de type mixte pour garantir un emploi à tous les Guadeloupéens.