Exortation

Je te parle de bouts d'terre où «ravèt poko jen ni rézon douvanpoul». Je te parle de lieux où la foule ignorante fait «lapoul» Je te parle de contrées où le pou- voir abuse en toute indifférence De ses créatures robots-consomma - teurs sans défense

Je te parle d'un crime terrible Dont nos peuples sont la cible Je te parle d'un homicide D'un empoisonnement par pesticides

DDT , HCH, Mirex, Dieldrine et sur- tout Chlordécone Dans les sols de nos pays, partoutdéconnent Nos jardins s'empoisonnent Et les cancers foisonnent

Parkinson, Alzheimer , malforma - tions congénitales Se développent en silence sur nos terres natales Silences minables et interminables Pour couvrir quels responsables etcoupables

Sa ki pa bon pou zwa pa bon pou kanna Pourtant là-bas non, mais isidan i yanna Des contaminations massives Des persistances abusives

Approchez Messieurs et Dames Approchez Monsieur , approchez Madame Iles à prendreT erres à vendre

Populations éthérées Mémoires enterréesDisposez-en MessieursEt remerciez les cieux

Car, ici, on ne réfléchit plus Ici, on chie On chie devant les nouveaux maît res Comme on a chié à la vue des cont re-maîtres

Car ici m'sieur : «On ne pense pas, Mais on dépense tout c'qu'on n'a pas» Tout pour la consommation Oui à la surconsommation

Car ici M'dame : «On exécute Et on s'exécute»Jamais on ne vous propose Quand de vous on dispose

Car ici Monsieur : « On ferme sa gueule» Même lorsqu'on dégueuleSon trop plein de rancœurs De ces maîtres sans cœurs

Car ici M'dame : «Silence on tue» Et l'on se taira, comme on se tait ou que l'on s'est tu Au temps des bras coupésEt des jarrets ébènes découpés

Approchez Messieurs et Dames Approchez Monsieur et MadameLots et lopins tranquilles Merveilles d'îles

Pas d'bruit car pas d'machines Et l'agriculture qui s'échine Produits d'importation pullulent sur les marchés Proliférations exponentielles de supermarchés

Pays des mille merveilles Où le Dieu Soleil veille Plages à gogo et bronzing Paillotes et dancing

Quads, 4x4 et vélos tout terrain Pour découvrir sereins La bouche du papillon ouverte Et ses ailes trop lourdes posées sur les eaux vertes

J'appelle au vertige de la rage J'appelle au boucan d'tous les âges Réchauffant les consciences décimées Attisant le feu éteint en ces popu- laces inanimées

J'appelle au réveil des Antilles zombifiés Tissus d'îles-dans-le-coma-pétrifiées Promenées dans une berceuse demensonges Où les rêves ne sont que de vilains songes