Y’a-t-il des hermaphrodites dans la Caraïbe ?

C ette question peut-elle vrai- ment surprendre ? Pas vrai- ment pensons-nous, si on fait l'effort d'analyser avec objecti- vité la déclaration finale du 5e Sommet de l'Association des Etats de la Caraïbe qui s'est tenu à Pétionville en Haïti du 23 au 26 avril 2013.

Cette déclaration pose avec jus- tesse et audace les problématiques de l'intégration Caraïbe que nous partageons depuis long - temps et à laquelle nous tra- vaillons concrètement avec les communistes et les progressistes de la Région.

Nous apprécions particulièrement le point 8 de cette déclaration parce qu'il est conforme à l'idée que nous nous faisons des rela - tions entre les peuples. Il dit : «Nous réitérons notre soutien aux principes de la charte des Nations Unies, y compris la souveraineté des nations, le respect de leur intégrité territoriale et la non-ingérence dans leurs affaires internes et réitérons de même le droit de chaque peuple de définir dans la paix, la stabilité et la justice son propre système politique».

C'est là que se pose notre ques- tion : Il y a-t-il des hermaphrodites dans l'AEC ? Un hermaphrodite est un être vivant qui possède les organes reproducteurs des deux sexes. Qui est à la fois mâle et femelle. Le Ying et le Yang en mythologie chinoise.

Car comment comprendre que le représentant de la France qui ne reconnait pas l'existence du peuple guadeloupéen, encore moins son droit à choisir librement son destin, participe à ce sommet et appose la signature de la France au bas de cette déclaration ?

Dès la création de l'AEC que nous approuvons, nous avons dénoncé cette supercherie de la France et refusé de voter à la Région Guadeloupe, des financements pour mettre à disposition de l'ambassadeur français à L'AEC, un fonctionnaire de la collectivité.

Comment comprendre que la Présidente de la Région Guadeloupe, qui a refusé avec détermination toute idée d'une quelconque évolution institution- nelle pour la Guadeloupe, fustigeant Jacques Gillot, accusé de vouloir avec son référendum ouvrir la voie à l'indépendance, puisse demander l'adhésion de la Guadeloupe à l'AEC pour son propre compte ? Comme un Etat autonome ou indépendant quoi !

Encore la mystification, car, il faut lire la suite pour mesurer les limites de cette demande faite : «dans le respect de ses compétences (celles dictées par la loi de décentralisation) et des enga- gements internationaux de la France».

Toujours la même démarche Hermaphrodite, le male et la femelle dans le même corps. A la fois Guadeloupe et France, Département et Région de France, Région ultrapériphérique et Département français d'Amérique. L'un et l'autre jamaisnous-mêmes.

Félix Proto, le Premier Président de Région qui a initié la coopération institutionnelle, profitant des premières fenêtres ouvertes par la décentralisation, pour organiser le voyage d'une délégation d'élus de la Région à Cuba en 1997 et qui a subi les pressions de l'ambassade de France pour ne pas s'y rendre personnellement a posé la seule ligne claire de notre intégration dans la Caraïbe, dans une déclaration faite en 1997 : «La Guadeloupe entend être un cheval de flèche pour ellemême, non un cheval de Troie dans sa zone géographique.