1ER MAI 2013 DANS LA VILLE DU GOSIER: Les travailleurs à l’offensive

L e1er mai constitue un temps fort pour le monde du travail. Jadis, le 1er mai était considéré comme un jour de fête parce que les travailleurs avaient arra - chés des victoires au prix de leur vie notamment en ce qui concer - ne la réduction du temps de travail qui tournait autour de 12 à 16 heures, ramené depuis, à 8 heures par jour grâce à l'action syndicale des travailleurs. Aujourd'hui, on ne peut plus parler de fête des travailleurs tant les souf frances sont gran - des, tant les revendications sont nombreuses à en juger par les inscriptions sur les pancartes, les banderoles et les slogans. La pwofitasyon dans ce système économique est légitimée par les mesures gouvernementales. En France, le nombre de suicides des salariés sur leur lieu de tra - vail est un indice criant. Certains se plaisaient à se moquer de l'alternative au système capitaliste que proposaient les communis- tes. Leur slogan c'était communiste c'est «Zasièt vid» (assiettes vides). Que constatons-nous aujourd'hui ? Le capitalisme et le colonialisme c'est la peur au ven - tre pour beaucoup de tra - vailleurs, c'est l'incertitude dans l'avenir , c'est source de stress, c'est le suicide comme alternati - ve pour les salariés les plus fai- bles

. Beaucoup de familles sont entrées dans la spirale diabo- lique de la société de consom - mation, ce qui leur enlève tout envie, de revendiquer leur droit, de se rebeller contre le système qui ne fait que broyer l'humain à sa guise. Les travailleurs guadeloupéens l'ont bien compris et ont décidé de s'unir pour y faire face. Ce 1er mai 2013, onze organisations syndicales se sont données rendez-vous au Gosier , commu - ne où réside le Président de l'Assemblée départementale et sénateur de la Guadeloupe M. Jacques Gillot qui vote les lois. Selon les estimations, malgré l'annonce du mauvais temps classé en vigilance orange, plus de 5000 personnes ont damé le macadam du Gosier en lançant des slogans hostiles au gouver- nement de Jean-Marc Ayrault et de François Hollande ainsi qu'au patronat guadeloupéen. Parmi les quelques tracts récupé - rés, il y avait celui de la CGTG santé qui pose la question suivante : «Que se passe-t-il au comité d'entreprise des Eaux Claires ?» c'est un tract qui pose le problème de fonctionnement du Comité d'entreprise. Pour l'UGTG transport, un tract a été adressé à M. Max Fattore, gérant de la société TCSV à qui on reproche des atrocités pratiquées depuis 2008 au sein de sa société à l'encontre de ses sala- riés et aussi le mépris affiché envers les passagers. La Centrale des Travailleurs Unis (CTU) a lancé un appel au peuple travailleur de Guadeloupe pour qu'ensemble, ils parviennent à réinventer l'espoir. Pour ce 1er mai, la CFDT appelle à agir ensemble contre l'austérité pour l'emploi. Dans le défilé suivaient des organisations politiques qui habituellement se trouvent aux côtés des travailleurs en lutte tel - les que le Parti Communiste Guadeloupéen (PCG), l'Union Populaire pour la Libération de la Guadeloupe (UPLG), le Comité d'Initiative Pour un Projet Politique Alternatif (CIPPA) et leCOP AGUA (Collectif des Patriotes Guadeloupéens). Il convient de noter qu'à l'issue des dif férentes interventions, une volonté de toutes les orga- nisations syndicales se dégage pour qu'elles se mettent ensemble pour faire taire les injustices patronales en Guadeloupe. Se dirige t-on vers un deuxième mouvement social comme ce fut le cas en 2009 ? Il y a fort à parier qu'il y a quelque chose qui est entrain de se cogiter si l'on croit

certaines déclarations à la conférence de Presse unitaire du vendredi 26 avril au local de l'UGTG. Ce qui est sûr , c'est que, de plus en plus on entend par -ci et par-là cer- tains dirent que l'explosion socia- le est imminente. Donc à bon entendeur salut !

Ce 1er mai se tient alors que la France et tous les territoires qui sont sous sa domination sont diri- gés par le gouvernement de gauche de Messieurs Jean-Marc Ayrault et François Hollande. On se souvient, durant la campagne électorale des Présidentielles, l'actuel Président français avait dit que «le changement c'est maintenant». Nous avons voulu connaître le point de vue des syndicats sur la réalité sociale qu'ils vivent au quotidien.

Pour le Secrétaire Géné- rale du SPEG, ce qui a changé c'est que les ensei- gnants guadeloupéens de l'Education Nationale ne sont pas considérés au même titre que leurs collègues des autres acadé - mies. Les moyens sont en deçà des besoins réels pour lutter contre l'illet- trisme, contre les échecs scolaires. Le Secrétaire Géné-ral du SPEG souli - gne que le 1er mai n'est pas une fête mais plutôt une commémoration afin de se souvenir des luttes menées par les travailleurs. Selon M. Mirval c'est seulement dans la lutte qu'on peut trouver une alternative.

Le Secrétaire Général de la CGTG, M. Jean-Marie Nomertin tient à préciser que son organisation n'en - tretien aucun rapport particulier avec quelque soit le gouvernement en place. Il invite les travailleurs à ne croire qu'en leur propre capacité et à ne pas compter sur les élections pour chan - ger leur situation. Le Secrétaire Général de la CGTG condamne certains hommes politiques qui pro- fitent de la misère des tra- vailleurs pour leur faire des promesses sans lendemain, aussi il condamne la participation de plusieurs ministres de l'actuel gouvernement qui se sont invités au congrès du MEDEF . M. Nomertin fustige la rencontre qui s'est tenue entre le gouvernement et le patronat qui selon lui, a pour but de les rassurer sur les moyens qui leur seront accordés alors que dans le même temps rien n'est prévu pour les travailleurs et les malheureux. Le Secrétaire Général de la CGTG considère que le gouvernement soit de droite ou de gauche que c'est du pareil au même pour les travailleurs et que seule, la mobilisation et le rap - port de force pourront changer les choses. M. Normertin invite les travailleurs à peser de tout leur poids dans la bataille pour renverser le système capitaliste. Pour la CTU que représen- te M. Alex Lollia, il y eu un changement des hommes au gouvernement et une continuité renforcée de la politique publique enga - gée sous l'air de son pré - décesseur. M. Lollia rap- pelle les propos du candidat Hollande qui disait que son ennemi n'avait pas de visage, il n'avait pas de nom, il n'avait pas de programme, il n'avait pas de candidat mais que son ennemi c'était la Finance. Pourtant dit-il, aujourd'hui, M. Hollande œuvre pour la Finance et singulièrement pour les grands capitalistes européens, de préférence allemands. Comme les autres syndicats, la CTU pense qu'il faut porter une réponse appropriée à cette politique mais que ce n'est pas l'af faire d'un seul syn - dicat. M. Lollia invite les travailleurs à mieux s'im - pliquer dans la bataille, à prendre des initiatives et ne pas se contenter à suivre les dirigeants car tout un chacun a la possibilité de réfléchir. M. Lollia appelle de ses vœux, qu'après cette marche unitaire du 1er mai, que toutes les organisations syndicales s'asseyent autour d'une table pour discuter, échanger sur ce qui les divisent et surtout sur ce qui les rassemblent afin de trouver la meilleure voie pour agir ensemble. Comme les autres organisations syndicales, l'ennemi commun c'est le système qui ne va pas dans le sens des intérêts du peuple guadeloupéen, dans le sens des travailleurs. Pour M. Elie Domota, Secrétaire Général des Travailleurs de Guadeloupe, le slogan de campagne de M. François Hollande, n'était qu'une escroquerie, une vaste blague pour utiliser ses propres termes. De même que la loi Lurel sur la vie chère, c'est dit-il une vaste escroquerie, en plus, elle rend légitime la pwofitasyon au niveau des Hayot, des Despointes, et des Métayer et consorts. Le Secrétaire Général de l'UGTG fait le constat que le pouvoir d'achat est en recul ce qui signifie que les salaires n'augmentent pas. L'UGTG dénonce l'Accord National Interprofessionnel signé en France et qui remet en cause le droit du travail, les contrats à durée indéterminée et égalem

ent un certain nombre de droits acquis. M.Elie Domota dénonce le comportement des auto- rités qui pratiquent la répression syndicale, les arres- tations abusives et le prélèvement d'ADN sur les travailleurs mobilisés pour défendre leurs droits. C'est, dit-il ce qui explique le succès de ce 1er mai. Le Secrétaire Général de l'UGTG pense qu'il faut effectivement donner une suite à ce 1er mai en cherchant à forger l'unité mais pas n'importe comment. En accord avec les autres organisations, l'UGTG s'en- gage à créer les conditions pour entamer les dis- cussions et dégager des solutions pour l'avenir des travailleurs guadeloupéens.