A quand un vrai débat télévisé sur la question de l’organisation politique future du pays Guadeloupe ?

Q uand les élus socio-démocra- tes de notre pays ont donné un spectacle aussi affligeant que celui qu'ils ont donné lors du récent congrès des élus régionaux et départementaux du 15 mars dernier, il nous paraissait inconvenant qu'un prolongement même technique puisse être donné à ce dernier.

C'est malheureusement ce qui fut fait à la télévision lundi soir dernier. Ceux qui sont aveugles et sourds mentalement et qui ne pensent qu'à préserver leur pré-carré, ne veulent pas voir la réalité vraie du pays, ni entendre les cris de souffrance pourtant si proche à éclater en tonnerre de colère.

Ils se réfugient dans la facilité d'une dispute «d'aménagement» du système départemental alors que celui-ci doit être remplacé, parce que périmé, inopérant, condamné même par l'histoire d'une expérience négative de plus de soixante ans. Ils sont ainsi dansla réforme des institutions françaises. Ils sont profondément embourbés dans l'assimilation alors que la loi de 1946 constitue un artifice juridique puisqu'aucun peuple ne peut en assimiler un autre.

C'est vrai que c'est une lapalissade que d'affirmer meilleure du point de vue technique, organisationnel et opérationnel une collectivité unique que deux assemblées sur un même territoire. Mais ce n'est pas l'essentiel, ce n'est pas le problème.

L'essentiel n'est pas de mettre des pansements sur une plaie béante, gangrenée, mais plutôt procéder à une intervention chirurgicale qui annihile définitivement le mal.

L'essentiel, c'est de penser à nous- mêmes, de penser guadeloupéen, c'est de sortir enfin de la posture de vassal pour nous assumer par notre intelligence, notre travail, notre soli- darité et notre fraternité de combat en tant que peuple majeure et responsa- ble pour nous construire ensemble un meilleur avenir dans une Guadeloupenouvelle.

Le problème à qui il faut porter une solution, c'est la nature réelle des rapports qui nous lient à la France. Ce sont des rapports de domination coloniale, de dépendance totale de notre pays et de notre peuple à la puissance coloniale française, aujourd'hui en crise.

La tâche politique majeure pour les Guadeloupéens responsables élus ou pas c'est de décoloniser leur pays. On ne peut plus longtemps s'exprimer à la place du peuple et évacuer sans état d'âmes la question d'un changement de statut.

C'est sur cette question qu'un véritable débat démocratique doit avoir lieu dans le pays et sur les chaines de télévision en mettant en avant le respect des droits du peuple guadeloupéen à l'autodé- termination, la reconnaissance pour lui et l'exercice par lui de ce droit à la libre disposition.

Un tel débat sur les ondes de radios ou sur les écrans de télévision suppo- se la confrontation claire, franche et respectueuse entre les partisans du maintien du statu quo et ceux de l'autonomie et de l'indépendance. Car, en vérité, ce sont ces revendications politiques qui tra- versent la vie politique du pays depuis plus de cinquante ans.

C'est cela que nous attendons d'une presse guadeloupéenne qui se voudrait «libre et objective».