La préférence réunionnaise à l’embauche

L'AJFER -Nou Le Kapab lance un appel aux associations,aux élus,aux syndicats afin qu'ils participent massivement à un rassemblement le 20 mai prochain à 10 heures devant la préfecture pour demander la priorité à l'embauche des Réunionnais."C'est le moment de s'unir pour que les choses changent",affirme Gilles L eperlier,son président.

Le Journal de l'île de la Réunion : Pourquoi avoir choisi ce thème ?

“L'emploi est la première des préoccupations dans notre île où le taux de chômage, atteint 60% chez les jeunes. Il était important de mener la bataille car la situation n'est plus tenable. Et l'embauche locale, c'est une des mesures qui peut résoudre le problème de l'emploi à laRéunio n. T out le monde est d'accord : élus, syndicats… On a le gouvernement qui semble vouloir prendre des décisions dans ce sens. Et il vient de mis - sionner le député Lebreton sur la régionalisation de l'emploi… Il faut peser sur les déci - sions qui vont être prises. Et on appelle à la solidarité. C'est la première fois qu'il y aura un rassemblement pour l'embauche des Réunionnais. Il faut semobiliser . On fait le rassem - blement devant la préfecture, car l'emploi c'est la compétence de l'Etat. Et nos parlemen - taires doivent pren dre leurs responsabilités…

La mission Lebreton sur la régio- nalisation de l'emploi ne peut pas suf fire, selon vous. Qu'attendez-vous précisément d'une telle mission ?

Soit le gouvernement se penche sur la question, soit il prend des mesures concrètes. On a déjà eu des effets d'annonce, soit des circulaires, soit des rapports qui ont fini aux oubliettes et n'ont pas été suivi d'effet. On l'a vu, après le Cospar, lors du CIOM, il y a eu une circulaire qui devait favoriser l'embauche des Réunionnais dans la fonction publique. On voit que cette circulaire n'est pas appliquée et qu'elle ne suf fit pas. Aujourd'hui, la priorité à l'em- bauche des Réunionnais, ce n'est plus seulement un mot d'ordre. L'heure n'est plus à la réflexion…Il faut passer à l'ac- tion. Il y a une situation exceptionnelle et il faut des mesures exceptionnelles. Il y a une injustice qui n'a que trop duré… Justement, vous appelez à des mesures concrètes et urgentes. Quelles sont vos propositions ? On doit avoir une gestion prévisionnelle de l'emploi afin de pouvoir adapter le nombre de places au concours et adapter les forma - tions sur plusieurs années. Il faut qu'on sache trois ou cinq ans avant, combien de postes sont disponibles à la Réunion, aussi bien dans le privé que dans le public… C'est une nécessité d'anticiper pour que ces postes n'échappent pas aux Réunionnais. Autre mesure : il faut arriver à changer complètement le système de mutation. Il faut l'harmoniser pour que le système ne péna - lise pas les Réunionnais. Dans le privé, on demande que les entreprises déposent leurs of fres au pôle Emploi. C'est une ques - tion d'égalité des chances.

V ous dites que de l'emploi exis- te dans notre île mais échappe aux personnes de la Réunion. Quels sont ces emplois ? Dans quels secteurs ?

Le rapport Bédier l'a bien montré : dans la fonction publique d'Etat (catégories A, B et C), il n'y a que 49% de Réunionnais, hors enseignants. Et en catégorie A, il n'y en a que 27% de. On voit bien que les postes de cadres à la Réunion ont échappé aux Réunionnais. Et cela représente énormément de postes. Un parlementaire disait récemment que depuis 2001, il y a 21 000 personnes de la France hexagonale qui sont venues occuper des postes à la Réunion. Ces chif fres viennent conforter encore plus la situa - tion d'injustice. Si on ne fait rien, ce sont d'autres milliers de postes qui vont échapper aux Réunionnais. Or, dans les 15 prochaines années, il y aura 20 000 à 30 000 postes disponibles. Plus un poste ne doit échapper aux Réunionnais.

Propos recueillis par Juliane Ponin-Ballom