L'esclave crypté

La machine à crypter,Enigme, version 21è siècle a rendu quadriplé- gique la masse de politiciens-chiots de poche.Ils sont assis et ils parlent.

T out progrès est ambigu, à la fois chance et péril. C'est nous qui choisissons. Le pro- grès technique nous donne actuellement la possibilité de gagner plus, de vivre mieux, de travailler moins. Et comme nous avons libéré la cupidité des hom- mes, avec la libéralisation du sec- teur financier, ce sont les effets pervers qui l'emportent. Ce qui devrait être un instrument de libération des hommes devient un moyen d'asservissement. L'homme devient la variable d'ajustement de l'augmentation des dividendes. Tant qu'on n'aura pas tranché le nœud gordien du pouvoir de la finance, rien ne sera possible. Parce que le rapport de force agira toujours dans cette direction, et le coté pervers du progrès technique l'emportera toujours. Sous la pression des événements et des drames qui se multiplieront, serons-nous ame - nés à le faire à temps ? Sans cela, nous courons à la catastrophe. Il faut continuer à alerter et à tra - vailler dans ce sens. (René Passet.(1) Le grand pouvoir de ce monde repose désormais sur la magie contemporaine. Un mélange d'huile de serpents “humanoï - des”, scandant des slogans à tra - vers une presse quadraplégique, une télévision-mitraillette et une médecine franchement douteu - se, qui ne sont pas sans rappeler les expériences étranges des saignées et des incantations autour du corps malade.

Magie contemporaine ? Etrangement, nous avons rétro- gradé, sans le savoir, dans une ère de sorciers “mono-vêtus”, nouveaux prêtres de la religion : ils s'habillent pareillement, camouflés en une cravate et veston. Une discrétion équivoque...

Le déclenchement de cette fabu- lation pernicieuse ? “Science”. Il y a un rapport entre le shaman bariolé et l'armada de politiciens écrasés par la foi en un néolibéralisme “développeur” : puisque tout est “science”, l'économie l'est également. La politique celle qui se targue de pouvoir et de changement - n'est plus qu'un produit - exempt du “clan scien- ce.” Leur pouvoir se résume à calfeutrer à la hâte les nids de poules creusés par la vitesse d'exécution du totalitarisme de l'économie. Et dans sa foi, sa poursuite à appliquer une recette désuète, le résultat est que l'homme d'Etat n'est désormais qu'un esclave, mains liées, encagées dans un bateau ivre. Pendant que passent, au-dessus de lui ou elle, les drones rieurs. Manettes à distance.

LES MACHINES À MUTILER1.0

Les guerres mutilent. C'était nécessaire, direz-vous, de se débarrasser du nazisme. C'est ce que le citoyen en a retenu... Mais cette guerre fut déclenchée par des “besoins économiques” d'extension afin de faire prospérer l'Allemagne. Les méchants nazis n'étaient que des avares de terres... Hitler s'entoura d'assoiffés de pouvoir qui eurent chacun leur but “personnels”...

Bien avant l'attaque de Pearl Harbour, le président américain avait déjà entrepris des ententes avec l'Angleterre pour “vendre” des armes, pour une dette ulté - rieure. Hitler , en délaissant la cible “Angleterre”, se rua vers l'U.R.S.S., ses champs de blé et les puits de Stalingrad. Il a simple - ment compris que la richesse réelle était ailleurs... L'interprétation historique vous dira qu'il avait fait erreur . Il avait tout simplement oublié son sens “pratico-pratique.”

LA MACHINE À MUTILER 2.0

N'ayant plus de “méchants” à combattre, les “méchants javelli - sés aux idéologies trafiquées” décidèrent alors de crypter les causes de guerre. et c'est “ici” que cela se passe.

Si les Nazis ont utilisé une machi - ne Enigma pour crypter leurs messages, le cryptage “moder - ne” de transferts d'information a noyé toute compréhension de l'humain, devenu le poisson le plus salé et fumé de la création. Si vous faites un mélange de la “présentation de la situation ter - restre globale, vous ne pouvez pas saisir et analyser réellement ni la somme, ni les composants, ni les changements rapides, ni les mensonges, ni les religions. Ni les réactions humaines, encore plus complexes... De fait, on a créé enfin cette tour de Babel - et dans un but précis -, pour subjuguer quiconque irait se “mêler” à essayer de voir clair dans l'ignominie mondialiste. L'Histoire, pour ne pas laisser de traces, est passée à la déchiqueteuse de minute en minute, d'heure en heure, de jour en jour. Ajoutez à cela le mouvement perpétuel dans un quasi instantéisme, toute capacité de saisir le mouvement de l'Histoire est du domaine del'impossibilité.

La machine à crypter, Enigme, version 21è siècle a rendu quadriplégique la masse de politicienschiots de poche. Ils sont assis et ilsparlent.

La machine à mutiler est camou- flée,cryptée, invisible furtive. On vous montrera des corps -aux fins de propagande -, pouvant servir à attiser vos haines, mais on ne vous montrera pas la mutilation psychologique et économique, de vie quotidienne du citoyen d'un pays qui n'existe que sur papier.

On se penchera sur “l'Enigme” des plans d'austérité, de la pauvreté, sans trop de finesse, et le plus étrange est qu'on fera appel à l'entreprise privée pour délivrer les pays riches appauvris.

Pour être à jour, il faut se lever hier... Une société qui n'a pas de questionnement sur son avenir ignore son passé. Il n'y a que le camouflage quichange. La réussite de demain est dans le décryptage de l'Histoire. C'est la raison pour laquelle on l'a toujours trafiquée, et que dans les écoles on refuse d'y donner l'importance qu'elle a.

La Terre est une boule de cristal sur la quelle nous vivons tous. Le secret de l'avenir réside sans doute dans ses millions d'années pendant lesquelles elle a permis le développement est la réussite de la race humaine. C'est un grand livre rond que nous nous refusons de lire.

Source L.G.S.

(1) René Passet est économiste, spécialiste du déve- loppement et professeur émérite à la Sorbonne. Il a travaillé avec des biologistes, des physiciens, des sociologues, des anthropologues, des informati- ciens. Il a été le premier président du Conseil scien - tifique de l'association Attac.