Félix Proto : “l’histoire me jugera”

Il y a trois ans, à l'issue d'une conférence électorale prononcée par Félix Proto à Capesterre Belle Eau, je posais la question : dans les colonnes de ce journal "Vingt ans après, le jugement de l'histoi - re est-il en marche ?" L'hommage rendu par toute la Guadeloupe à Félix Proto depuis l'an - nonce de sa mort dimanche dernier, les éloges qui sont venus de tous les milieux, la reconnaissance publique de ses qualités de gouvernances, de ses capacités exceptionnelles de bâtisseur et de visionnaire m'ont apporté la réponse : Félix Proto est entré dans l'histoire de la Guadeloupe, comme le PRESIDENT, le plus grand de tous. Quel pied de nez aux bourreaux ? Il a gagné son pari. Pour servir la vérité historique nous republions un extrait de cet article

«Le local du CSC, le mythique club de football capesterrien, qui a, longtemps dominé le foot guadeloupéen était vraiment trop petit pour accueillir tous ceux, venus, le vendredi 29 janvier, voir etentendre Eric Jalton. L'intervention qui a créé le sursaut, galvanisé les consciences, fut sans conteste, celui de Félix Proto, ancien Président du Conseil Régional de 1986 à 1992. Félix Proto est reconnu, aujourd'hui, comme le meilleur Président de Région depuis la loi de décentralisation de 1983. Tous ceux qui ont encore en mémoire, la violence de l'affrontement politique et le degré jamais égalé de calomnies déver - sées sur l'équipe Proto, lors de la campagne électorale de 1992 n'en reviennent pas. Moi, si ! J'étais premier vice-président de la Région de 1989 à 1992. Un jour de 1991, alors que la tempête politique s'annonçait, je suis allé m'entretenir, dans son bureau, avec le Président Proto, de la situation financière de la Région et des mesures que nous pourrions prendre pour redresser la situation. Auparavant, j'avais discuté avec le directeur financier Eustache Janky. Je savais que la situation n'était pas d'ordre compta- ble, mais que nous étions face à un sérieux problème de trésorerie. Le Président Proto, avec un sangfroid détonant, m'expliqua que, nous sommes confrontés à une opération de «déchoukag» poli- tique et que c'est le gouverne- ment, qui est à la manœuvre. Il asphyxie le Conseil Régional en bloquant les financements inscrits dans son budget : les fonds euro - péens, le fond de compensation TVA, les subventions d'Etat, tout en retardant l'instruction des demandes de prêt dans les organismes financiers publics. Pour mémoire, le gouvernement est socialiste et François Mitterrand, «ami» de Félix Proto est Président. Le Président m'explique que, le gouvernement a décidé de le punir parce qu'il s'est opposé à quelques projets décidés par les officines socialistes pour la Guadeloupe : la raffinerie de Pétrole, la restructuration de l'industrie sucrière, le port en eau profonde à Port-Louis, la recapitalisation de la SA HLM en faillite. On lui reproche aussi d'être sous l'influence des communistes. Cela, je l'ai appris par mes prop- res sources à Paris. Je réponds au Président Proto que nous ne pouvons pas les laisser nous «faire la peau» sans réagir et je lui propose de jouer la transparence, d'informer le peuple de cette action de représailles poli - tiques et de l'inviter à descendre dans la rue pour exiger le respect de ses droits. Félix Proto me répond avec le même sang-froid qu'au début de la conversation « non, je ne le ferai pas. Je suis socialiste et c'est un gouvernement socialiste qui veut m'abattre». Devant mon étonnement, il ajou - ta, «L'histoire me jugera». Vingt ans après, le jugement de l'histoire est-il en marche ? Vendredi soir à Capesterre, Félix Proto a été accueilli comme : lePRESIDENT