LES ÉLECTIONS RÉGIONALES DE 1992 : “Plus jamais ça !»
«Le roi est mort, vive le roi !», dit le dicton ! Félix Proto est mort, il n'était pas un roi, mais il a été Président du Conseil Régional de la Guadeloupe de 1986 à 1992. Comme les rois, il a été démis de sa charge en 1992, pas, par le peuple comme Louis XVI en 1793, nous allons le démontrer, mais par une cabale digne des intrigants qui vivaient dans la cour des rois. Avait-il trahi les obligations de sa charge, donnait-il des signes de défiance qui risquaient de mettre en danger l'avenir de la collectivité ? Il n'y avait, d'après ce que nous savions et que les «comploteurs» savaient forcément, aucun signe alarmant d'une menace irréversi- ble dans la gestion des affaires de la Région, et le Président, ne mani- festait aucun symptôme de désor- dre psychique ou d'un comportement social pouvant mettre en péril le bien commun. Si nous n'étions pas dans une telle situation, quelles ont été les motivations de la triade formée par : Objectif Guadeloupe, le PPDG, FRUIT-G dès la fin de 1990, qui a lancé en fin 1991 cette violente campagne de destruction massive contre l'équipe d'élus autour de Proto avec ce slogan lancé par Lucette Michaux-Chevry, soutenus par les hommes de la triade : «Proto, Céleste, Cadoce, Pierre- Justin ont dilapidé l'argent de la Région : plus jamais ça !»
. Les Guadeloupéens qui, à l'é- poque de cette entreprise à l'allure d'une guerre impitoyable contre une nouvelle génération d'élus guadeloupéens, ne pou- vaient connaître les motivations secrètes de ceux qui étaient à la manœuvre, ont pu mesurer depuis, à la lueur de leur gestion calamiteuse à la direction des collectivités ou ils ont siégé, l'étendue de leurs mensonges, de leur cynisme et de leur méchanceté. Ce n'était pas, mais pas du tout pour sauver la Guadeloupe du péril que la clique des conspirateurs : les Larifla, Bangou, Génies, Moutoussamy, Michaux-Chevry, Chaulet, Nabajoth, Cléry, sont montés à l'assaut avec un objectif précis, effacer notre équipe de la vie politique guadeloupéenne. Depuis maintenant, 20 ans, ils nous donnent le spectacle de leur incompétence, de leur impuissance à changer quoi que soit dans le pays, de leur absence de vision et d'une conscience de ce que nous sommes. La chambre régionale des comptes, année après année, met le doigt sur leurs erreurs de gestion pour ne pas parler de gabegies. Contraints et forcés, ils avancent dans les sillons que l'équipe Proto a tracé, en se prenant souvent les pieds. C'est souvent ce qui arrive quand on arrive «les mains vides au banquet des autres». S'ils n'ont jamais pu apporter la preuve de la faillite de la gestion Proto et si depuis, ils n'ont pas montré à la face du pays qu'ils pouvaient faire plus et mieux que nous, alors pourquoi ont-ils monté cette cabale ? Il y a au moins trois raisons qui permettent de comprendre cette opé - ration déchoukage : - Une certaine aristocratie politique mise à mal par l'élection régionale à la proportionnelle. Les élus crédités d'un capital électoral acceptent de conduire ou de soutenir les lis - tes, mais avec la volonté affichée d'être les maîtres du jeu politique et de disposer de faire valoir . Cela s'est vu en 1983 - 1986 entre Michaux-Chevry et Moustache Cela s'est reproduit dans une configuration plus violente et plus perverse en 1992. Les «grands élus» parce que porteurs de voix ne pouvaientsouf frir que des élus par pro- curation, c'est-à-dire sans «base électorale» (Proto-Celeste- Cadoce-Pierre-Justin), qu'ils avaient placé là pour les servir, puissent décidé de s'émanciper de leur tutelle et de s'engager dans une politique de construc- tion du pays Guadeloupe, sans p
rendre leurs ordres au Conseil Général, à la mairie de Basse-T erre, de Saint-François ou de Pointe à Pitre. Là était le crime de lèse-majes - té, que des compatriotes qui sont dans la vision politique basée uniquement sur l'influen - ce électorale dans une pure démarche stalinienne qui s'ex- prime à travers cette apostrophe : «le Pape, combien de divisions ?» pouvaient aussi condamner.
A La base de tous les mensonges qui ont conduit à la trahison de 1992, il y avait cette question jamais posée ouvertement : la contestation de la légitimité de l'équipe au pouvoir à la Région.
- Le deuxième problème qui s'est posé, c'est celui de la subordination ou non du Conseil Régional au Conseil Général. Le Conseil Général est une vielle assemblée qui avait, sous l'autorité du Préfet, toutes les compétences locales et aussi beaucoup d'engagements financiers cumulés. La région est une assemblée neuve avec des compétences qui dépouillent le département de certaines prérogatives et des moyens financiers plus importants et pas encore trop de dettes. Manifestement, la gauche qui a la majorité du Conseil Général et où siègent les élus qui se pensent légitimes, caresse l'idée de régler ses problèmes en subordonnant le Conseil Régional. Alors qu'il était politiquement plus correct de rechercher la complémentarité pour agir ensemble. C'était notre point de vue, pas celui du Conseil général qui ne pouvait concevoir le Conseil régional que comme une chambre d'enregistrement. Félix Proto, tout ce qui a été dit sur l'homme ces derniers jours le confirme, avait une très haute idée de son indépendance, de sa per- sonne et il croyait fortement en ses capacités de visionnaire et de créa- teur. Il n'aurait jamais accepté d'êt- re le cheval de Troie de Larifla et des autres. C'est dans ce contexte dénigrement que Félix Proto a décidé d'assumer avec courage ses responsabilités de Président de la Région Guadeloupe et de nous lancer dans ce vaste projet de cons - truire une Guadeloupe moderne et dynamique.
Ces deux considérations ont allumé le premier étage de la bombe avec laquelle on allait nous incendier en 1992. Le deuxième étage résulte des choix politiques qui ont été faits en opposition avec le conseil général sur un certain nombre de ques - tions stratégiques : L'industrie sucrière, le Port en eau profonde, la raf finerie de pétrole, le transport aérien, SA HLM, l'évo - lution institutionnelle.
Sur toutes ces questions d'intérêt vital pour la Guadeloupe nous étions en phase avec Félix Proto pour faire avancer la Guadeloupe.
La gauche au Conseil Général, y compris les «pontifes communis - tes», futurs déserteurs, ont alimen- té la rumeur que Félix Proto serait l'otage de quelques communistes révolutionnaires sans aucune influence électorale. Cette rumeur a été relayée au siège des socialistes à Paris où il a été demandé à Proto de rectifier le cap. Il a répon - du, en fermant la porte aux conseillers socialistes parisiens qui hantaient les couloirs du Conseil Régional pour «profiter» des bienfaits du pouvoir. C'est pour ces raisons objectives que la triade avec l'aval du gouvernent socialiste français a organisé en 1992, la chute de l'équipe Proto.
Mais, il convient de préciser que les Guadeloupéens dans leur majorité n'ontpas désavoué la gestion de Proto. Car en 1 992, toute la gauche confondue a obtenu 24 sièges et la droite 15 sièges. A l'intérieur de la gauche, la liste socialiste conduite par Jalton sur laquelle figurait Félix Proto était en tête avec 9 sièges devant Larifla 7 sièges, Moutoussamy 5 sièges, Cadoce 3 sièges. Socialistes et Communistes totalisaient 12 sièges et les dissidents de gauche Frui-G et PPDG 12 sièges. En 1992, Lucette Michaux-Chevry n'a pas gagné les élections. La gauche était largement majori - taire. Il était possible avec les deux sièges des nationalistes de disposer d'une large majorité pour poursui - vre la politique de construction de la Guadeloupe.La Guadeloupe a été trahie. L'exigence de vérité et de morale nous oblige à dire que les hommes politiques guadeloupéens qui ont pris la responsabilité de démanteler le Parti Communiste Guadeloupéen et la Fédération du Parti Socialiste en 1991 pour fonder le PPDG et la FRUI-G, devenu le GUSR, qui ont, pour plagier François Mitterrand, livré l'honneur dejeun es élus guadeloupéens «aux chiens» pour remettre la gestion du pays entre les mains de la droite, portent une lourde responsabi - lité dans la situation de déliques- cence, de perte de sens et de désordres que connait aujourd'hui la Guadeloupe. Comment seront-ils jugés par l'histoire ?