L’Association Envie-Santé contre l’épandage aérien de pesticide

Présentation de EnVie-Santé

1° ) Son Objet

L'objet de l'association EnVie- Santé forme l'article II de ses statuts, repris ci-après in extenso. «Qu'ils soient d'hier ou d'aujour- d'hui, l'impact des pollutions - par les produits phytosanitaires et autres- sur l'environnement et la santé est particulièrement préoccupant. Notre environnement, nos choix de vie et notre santé interagissent en effetconstamment. Il s'agira donc pour l'association EVS de : a) protéger la nature et l'environnement b) préserver les milieux et les équilibres naturels c) promouvoir le principe de précaution d) lutter contre les pollutions et favoriser la prise en compte par le législateur et les décideurs économiques des conséquences éco - nomiques ou sanitaires à très long terme (effets très différés) de certaines molécules toxiques et de leurs possibilités d'action à très basses doses e) mener des actions de protection de la santé publique, de pré - vention, de promotion de la santé ou d'éducation à la santé f) encourager les victimes («économiques» ou «sanitaires») de polluants à sortir de l'ombre et à exprimer leurs préjudices, g) représenter les victimes, si elles le souhaitent, pour ester en justi - ce afin de demander réparation de leurs préjudices. h) le cas échéant, demander réparation devant des juridictions supranationales i) tisser ou renforcer un réseau local, régional, caribéen, national, international de solidarité j) développer une coopération avec des institutions publiques ou privées k) vulgariser les résultats de la recherche en dépollution de l'en- vironnement et décontamination de population, ainsi que les expériences de gestion publique de crises sanitaires et environne - mentales liées aux polluantsl) informer le grand public m) produire des communica - tions et des articles à caractère scientifique ou professionnel sur des informations et des thèmes d'actualité n) organiser des rencontres et des journées d'action locales, régionales, caribéennes, nationales ou internationales sur les questions de santé environnementale o) si nécessaire, lancer des alertes aux autoritésp) favoriser la résilience q) se doter d'un potentiel de communication adapté»

2°) Les raisons de sa création

L'association EnVie-Santé a pour objet la protection de l'environnement dans l'archipel de la Guadeloupe, environnement menacé par les pratiques culturales en vigueur depuis plusieurs décennies et qui af fectent grave - ment la santé de la population. En Vie-Santé est née d'une volonté des médecins libéraux de la Guadeloupe de ne pas rester indifférents à la catastrophe environnementale et sanitaire à laquelle est confrontée la Guadeloupe. Les médecins guadeloupéens qui sont à l'initiative de la création de cette association tiennent à impliquer l'ensemble de la population et c'est pourquoi l'association est ouverte à tous. Son bureau de 5 membres comp - rend 3 médecins. 3

3°) Ses raisons de contester l'épandage aérien des pesticides

L'épandage aérien des pesticides est une préoccupation majeure d'En Vie-Santé. Qu'ils soient ou non profession- nels de santé, les fondateurs de En Vie-Santé se sont particulière- ment sentis concernés par la pollution / contamination du bioto - pe guadeloupéen au chlordéco- ne. Comme tous les guadelou - péens, ils se trouvent confrontés aux pires difficultés à se fournir en aliments locaux sains à cause d'une part de la contamination profonde de la chaîne alimentai - re et d'autre part à cause de l'ab- sence de traçabilité des pesticides dans les aliments proposés à la vente. D'ores et déjà, les adhé - rents de En Vie-Santé ressentent et expriment toute la dif ficulté de vivre sur un territoire insulaire peu étendu avec le contingent des restrictions déjà apportées par les autorités aux usages de l'eau, des produits de l'agriculture, de l'aquaculture, de l'élevage, de la chasse, de la pêche en riviè - re et en mer … Ils veulent aussi exprimer toute ladif ficulté d'organiser un dévelop - pement durable sur un espace durablement contaminé. Les pesticides organochlorés ont une rémanence particuliè- rement forte qui est de l'ordre de 600 ans pour le chlordé - cone (cf étude Y-M. Cabidocheet alii, INRA, juin2006). A lui seul, le chlordécone est connu pour être cancérogène, perturbateur endocrinien, neurotoxique et spermatotoxique (cf étude Karuprostate, coordonnée notamment par P.Blanchet CHRU PaP/Abymes et L.Multigner INSERM Rennes, juin 2010 ; et cf étude internationale sur des nourris - sons guadeloupéens âgés de 7 mois Timoun, coordonnée notamment par L.Multigner, INSERM, octobre 2012). Désormais, comme tant de guadeloupéens, les membres de En Vie-Santé s'interrogent sur leur santé actuelle et à venir ainsi que sur celle des générations futures. Les adhérents de En Vie-Santé veulent que les pouvoirs publics tirent toutes les leçons de la pollution / contamination par le chlordécone et qu'ils fassent désormais préva- loir le principe de précaution concernant les pesticides. Les connaissances scientifiques ont d'ores et déjà établi que les perturbateurs endocriniens agis- sent encore très longtemps après l'exposition, parfois même en sautant une génération (cas des femmes exposées pendant leur grossesse à la thalidomide). Les doses suffisantes à déclencher une pathologie peuvent être très faibles, bien en-dessous des tolérances «politiques» qui figurent dans les normes officielles (cf par exemple les travaux du Pr Ch.Sultan du CHU de Montpellier présentés au colloque pesticides et santé, Sénat, mars 2012). Le Conseil d'Administration de En Vie-Santé a autorisé son Président à agir devant leT ribunal Administratif et le juge des Référés pour obtenir l'annulation de l'arrêté préfectoral du 29 avril 2013 auto - risant l'épandage aérien des bananeraies. Me Hubert Jabot a accepté d'introduire les requêtes en suspension et enannulation. Au-delà des arguments présen- tés dans le corps de leurs requêtes, les adhérents de En V ie- Santé sont opposés à l'épanda - ge aérien des pesticides, parce que l'exception au droit commun que constitue l'interdiction n'a que trop duré alors que les planteurs de bananes n'ont jamais démontré que les conditions prévues pour obtenir une dérogation étaient remplies mais aussi parce qu'il est écono - miquement possible de revenir à une agriculture plus respectueuse de l'environnement et de la santé humaine (cf préconisations de la sénatrice Nicole Bonnefoy au nom de la Mission Commune d'Information sur les pesticides, rapport d'octobre 2012 ; ou encore cf la prise de position de l'Union des Producteurs agricoles de la Guadeloupe contre l'épandage aérien, octobre 2012).