Manifestation contre l’épandage aérien de pesticide à Pointe-à-Pitre

Si certains pensaient que l'arrêté préfectoral du 29 avril 2013 qui autorisait à nouveau l'épandage aérien allait passer comme une lettre à la poste, ils en sont pour leurs frais. La mobilisation du samedi 1er juin leur a fait certainement déchanter. Plus de six cent personnes sont descendues dans les rues de Pointe-à-Pitre pour manifester leur colère, en scandant des slogans hostiles à cette nouvelle dérogation accordée aux planteurs de banane par la Préfète de Guadeloupe. Dans cette bataille, deux opinions s'affrontent : d'un côté, il y a les associations, les organisations politiques de gauche et les syn - dicats qui défendent l'environ- nement et la santé publique et de l'autre, il y a l' Etat et les pro - ducteurs de banane pour qui, les intérêts économiques sont plus importants. C'est l'option économique que l'Etat a choisi de défendre au mépris de l'exigence de précaution qui est une «règle d'or» dans toute interventionpublique. Quand la Préfète avance le nom - bre d'emplois en jeu dans le sec- teur de la banane pour asseoir sa décision politique, on ne peut s'empêcher de penser qu'elle est en train de bluf fer car, lorsque les travailleurs sont en grève dans ce secteur d'activité, l'Etat n'est jamais de leur côté. Les manifestants n'ont pas man - qué de souligner le dispositif démesuré de «sécurité» mis en œuvre par la Préfète, (5 à 6 camions de militaires) pour dissuader une manifestation quali - fiée de «bon enfant, de familia- le» par la télévision d'Etat, puis- qu'il y avait, les familles accompagnées de leurs enfants, pour beaucoup en bas âge. L'épandage aérien est interdit sur le territoire français par une directive européenne de 2009 dont les modalités d'application sont précisées par la loi Grenelle 2 de 2012. Selon les manifes - tants, les Antilles consomment par unité de surface, trois fois plus de pesticides qu'en France. Après cette mobilisation, d'autres suivront sous des formes diverses, promettent les manifestants. D'ores-et-déjà, un recours contre cette nouvelle dérogation de la Préfète Marcel Pierrot a été introduit par M. Philippe Verdol, Président de l'association «En Vie-Santé». On entend souvent dire qu'en Guadeloupe, nous sommes un pays de droit et que le droit est applicable sur tout le territoire «national» français. C'est une opportunité pour la représen - tante de l'Etat français de montrer que la Guadeloupe est bien un «Département français» et non une colonie comme nous l'affirmons. Plus que jamais, les défenseurs de l'environnement restent mobilisés.