VIIIe CONGRÈS DE LA FÉDÉRATION SANTÉ ET ACTION SOCIALE - CGTG «La crise est utilisée pour des révisions régressives des droits»

Les congressistes de la C.G.T.G. Fédération santé et action socia- le ont tenu leurs travaux, les 06 et 07 juin dernier sous le mot d'ordre «En phase totale avec notre confédération, face aux défis du21e siècle... Une C.G.T.G. toujours plus déterminée et plus efficace». Dès l'ouverture des travaux, le débat était déjà lancé sur les difficultés rencontrées sur le terrain par les travailleurs de la santé et du social, face aux attaques permanentes et aux prétendues grandes orientations réformatri - ces qui remettent en question un modèle collectif au profit d'un modèle individualiste. Les délé - gations étrangères n'ont pas démérité dans leur contribution, en rappelant les mêmes difficultés auxquelles ils font face que ce soit à Mayotte, en France, à la Guyane ou à la Martinique. Ici et ailleurs, c'est le néo-libéralisme qui règne et détruit la santé pour tous et la solidarité sociale au nom de la finance.

Les projets qui naissent doivent «être rentable», tant pis pour les premiers concernés : les patients et les usagers. La secrétaire générale sortante, dans son discours introductif, a rappelé que «...La crise est utilisée pour des révi - sions régressives des droits. Nous l'avons vu avec la mise en place de la RGPP (Révision Générale des politiques Publiques), devenue depuis la MAP (Moderni- sation de l'Action Publique). Tous ces sigles qui se suivent constituent en réalité de nouveaux moyens pour nous imposer tou - jours plus de restriction et de l'austérité budgétaire. C'est le sens aussi de l'ANI : Révision du droit applicable aux licencie- ments...». Non sans avoir rappeler la progression constante de la Fédération, sur le plan électoral au point d'être la deuxième organisation syndicale, elle convia les congressistes à refuser : - Les suppressions d'emplois, la dégradation des conditions de travail qui mettent sous pression les professionnels et aggravent les délais d'attentes et les conditions d'accueil et de soin. - L'étranglement financier des structures. - Les restructurations, les ferme- tures d'établissement et de services hospitaliers, sociaux et médi - cosociaux. - Les déserts médicaux. - La marchandisation de la santé et du social. La loi dite de « mobilité » adopté en aout 2009 est un artifice et une arme pour organiser les licenciements de fonctionnaires. - Les dépassements d'honoraires, les franchises, les dérembourse - ments et les forfaits. - La spéculation sur la santé et le vieillissement de la population au détriment des usagers et des conditions de travail des salariés.

Le rapport d'activité fera le tour des actions menées en quatre années de lutte et d'actions par les militants et l'organisation, puis soulignera la méthodologie minutieuse de changement de paradigme imposé, subreptice - ment, par le système au travers des médias et des « experts. Cela passe par des substitutions sémantiques nous faisant perdre nos classiques de lutte. Ainsi, du social (racine de socialisme) on aboutit au sociétal (créant une entité en dehors de l'action des membres), de l'encadrement (où le cadre, donc les règles, sont posés) on aboutit au management (du vieux Français «faire le ménage»), de l'administration (référence trop marquée de la fonction publique héritée des lut - tes sociales) on aboutit à gouver- nance (vieux mots royaliste signifiant le pouvoir des petits barons locaux)...Bref, une entreprise méticuleuse de déconstruction mentale et de fabrique du consentement au nouveau para - digme : l'argent roi. Ce rapport conclura à la nécessité, pour les congressistes, de se retrouver en séminaire pour réfléchir à des méthodes de résistance et de contre-attaque, dans l'intérêt des travailleurs et de la postérité.

Le rapport d'orientation sera, sous le sceau de l'engagement au «progrès et la justice sociale», le moment de lancer un appel à la mobilisation pour l'emploi, les salaires, la qualité de vie au tra - vail, l'avenir des retraites et le financement de la protection sociale, la suppression de la RGPP , l'abrogation de la Loi HPST , l'ou - verture d'un chantier sur le finan - cement des hôpitaux et des structures sociales et médico-sociales, avec la suppression de la T2A..., l'abrogation des ordres profes - sionnels, de la Loi sur la préven- tion de la délinquance, de la Loi sur les placements sous contrain - tes du 5 juillet 2011, l'arrêt de toutes les restructurations et fer- metures de lits, l'arrêt de tous les plans de retour à l'équilibre, l'an- nulation de la dette des hôpitaux... Après s'être prononcé pour le droit à la santé pour tous et la démocratie sociale, le rap- port d'orientation affirmera la nécessité de se mobiliser pour toutes ses organisations qui doivent se déployer sur le terrain interprofessionnel, pour contribuer à un vote massif en faveur de la CGTG lors des différentes élections qui vont avoir lieu dans les mois et années à venir notamment les élections prud'homales. Pour faire valoir les exigences revendicatives de la CGTG, il faudra, dit-il, élever le rapport de force et nécessairement, développer une syndicalisa- tion de masse.

La soirée du 06 était consacrée à un débat sur la violence qui sévit en Guadeloupe, où nombres d'intervenants divers et d'invités ont fait montre d'une interven- tion de qualité prouvant que cette violence est intrinsèque à la société néolibérale. Cette soirée était suivie d'un cocktail dinatoi - re et d'une prestation musicale d'un groupe de gwoka.

Le lendemain, après le rapport des finances, les rapports des commissions et les débats afférents, une nouvelle commission exécutive (15 femmes - 15 hom - mes) sortait des urnes, ainsi qu'un nouveau secrétaire général : Belair Philippe, Educateur spécialisé au Centre Hospitalier de Montéran. Ce dernier, après avoir remercié les congressistes et la secrétaire générale sortante, dans son rapport conclusif invite- ra les congressistes à la redécouverte de l'antinomie de l'indivi - dualisme : La camaraderie, seule voie pour le retour d'un syndica- lisme de lutte et de classe. Il conclura en rappelant les grandes lignes des combats à venir et le prochain congrès confédéral de novembre qui arrive.

Ce congrès a été digne et pro - metteur tant dans la valeur des contributions que dans l'espoir qu'il a redonné à nombres de militants qui endurent sur le terrain. De nouve aux diri- geants ont été élusaux côtés d'anciens, des femmes et des hommes debouts, c'est signe que l'expérience et l'avantgarde sont unis pour assurer la conduite de cette fédération et la défense des intérêts des tra - vailleurs de la santé et du social.