La Grèce inaugure la tiers-mondialisation de l'Europe

L'évolution de la situation économique,politique et sociale en Europe,notamment celle de la Grèce,confirme en tous points l'analyse que nous fai- sions dans les colonnes des Nouvelles Etincelles,n°375, du jeudi 10 avril 2010.

L' Europe du Sud : la Grèce, le Portugal, l'Italie, l'Espagne, la France subis- sent de plein fouet les consé- quences, les ravages des poli- tiques d'austérité, anti-sociales que leur imposent les marchés financiers. Dos au mur, ils ”résistent” comme ils peuvent, tentant de ralentir autant que faire se peut, les échéances fatales, inélucta - bles toutes proches, qui déferleront sur les peuples. Le mince espoir suscité avec l'é - lection de François Hollande s'est évanoui, a disparu comme une bulle de savon, livrant les plus faibles, les plus vulnérables au bon vouloir des décisions iniques imposées par les maîtres de la mondialisation capitaliste. Après nous, Guy Mollet indiqua lui aussi, la seule orientation possible pour éviter la catastrophe.

“Point n'est besoin de mitrailleuse, de napalm, de blindés pour asservir et soumettre les peuples. La dette aujourd'- hui fait l'affaire. Par l'endettement, les Etats abdiquent leur souveraineté ; par la faim qui en découle, les peuples agonisent et renoncent à la liberté.”

Jean Ziegler Ce constat, il y a quelques années, était valable pour les seuls pays du sud : Afrique, Asie et Amérique latine. La situation de la Grèce aujour- d'hui, liée à la dette et au surendettement, rappelle en tous points celle des pays du tiersmonde, en situation de quasicessation de paiement, qui ont été pillés, appauvris par le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale. Cette politique néo-libérale mise au point par ces deux dernières institutions, expérimentée sans pitié et avec succès sur les pays du Sud : baisse des salaires et des retraites, baisse des ef fectifs dans la fonction publique, coupes sombres dans les budgets alloués à l'éducation et à la santé, arrêt des investissements publics desti - nés aux infrastructures, privatisation de certains services publics : poste, eau, électricité, etc, ne plaît absolument pas au peuple grec, et il le fait savoir ! Inventée pour le Tiers-Monde, elle s'installe désormais en plein cœur de l'Europe occidentale, s'attaque sans crier “gare”, à ses maillons les plus faibles ! Ces diktats du FMI, peaufinés par Dominique Strauss-Kahn (1) et son équipe pour les “damnés de la terre”, sont loin, on s'en dou- tait, de trouver un écho favorable au sein du peuple grec. De toutes les couches de la société, la contestation monte. Les citoyens de ce pays, en manifestant leur désaccord, signifiant clairement à leurs dirigeants et à ceux de l'Europe, responsables de ce désastre, leur refus du processus de “tiers-mondialisation” de leur pays. La Grèce n'est pas le seul pays de l'Europe occidentale à être touchée par les soubresauts de la politique néo-libérale pratiquée par un FMI discrédité. On parle à mots couverts du Portugal et de l'Espagne qui pourraient à leur tour entrer dans l'œil du cyclonenéo-libéral. Certains pays de l'Est sont touchés par les exigences et les bru - talités du FMI de DominiqueStrau-Kahn. La Lettonie a imposé une baisse de 15% sur les salaires de ses fonctionnaires. La Hongrie a supprimé le treizième mois. La Roumanie a été contrainte de réformer son système de retrai - tes et de baisser sur les salaires de la fonction publique. L'Ukraine par contre a jugé “inacceptable” les conditions imposées par le FMI pour le relèvement de l'âge de la mise à la retraite, et la hausse des tarifs du logement.

COMMENCER UN VÉRITABLE PROCESSUS RÉVOLUTIONNAIRE

Quid des “Objectifs du Millénaire” qui visaient à amé - liorer sensiblement le sort des peuples les plus démunis du Sud, en mettant un terme à leur situation d'extrême pauvreté ? Passés par “pertes et profits”, c'est l'échec total ! Au Sud comme au Nord, le FMI, l'OMC, la Banque Mondiale, toutes ces institutions créées par les féodalités financières pour défendre leurs intérêts, s'opposent à la mise en place d'une véritable politique destinée à faireface à la crise, en défendant les intérêts de ceux qui en sont les victimes. Le Fonds Monétaire International délégitimé, est discrédité aux yeux de la majorité des peuples de la planète, qui demandent son abolition immédiate, et son remplacement par une institution radicalement différente, dont l'objectif principal serait la satisfaction des besoins humains fondamentaux. Sous la conduite du “socialiste” français Dominique Strauss- Kahn, accroché à son poste par- ticulièrement rémunérateur, le FMI n'en prend pas le chemin ! “Gérer loyalement les affaires du grands capital”, telle a toujours été la devise de la social-démo- cratie française. Rien n'a changé ! Dominique Strass-Kahn en est l'exemple le plus accompli ! On est loin, très loin du souhait formulé en 1968 par Guy Mollet, secrétaire général de la SFIO : “Dans tous les pays, disait Guy Mollet, où les social-démocrates se trouvaient et parfois pendant plusieurs années à la tête de l'Etat, ils n'ont pas su transformer le caractère du régime économique.” “Nos camarades avaient reçu de la société capitaliste tout ce qu'on pouvait en tirer par les voies réformistes. Mais il arrive un moment où il faut manifester du courage, faire le bond et attenter au régimecapitaliste lui-même.” En d'autres termes, commencer un véritable processus révolutionnaire.” On attend toujours ! Fidel Castro, Hugo Chavez, Evo Morales et beaucoup d'autres dirigeants sud-américains, ont parfaite - ment compris pourquoi le FMI et la Banque Mondiale avaient poussé l'Amérique latine à s'endetter , à se surendetter ! Il fallait permettre à l'Occident, aux puis- sances du Nord, par le biais de la dette, à continuer à les dominer militairement, financièrement. En effet, la dette extérieure de l'Amérique latine entre 1970 et 1982, est passée de 16 à ...178 milliards de dollars. C'est à partir de ces constats et de bien d'autres, que ces dirigeants ont décidé de se passer du FMI. Sous l'impulsion du président vénézuélien Hugo Chavez , les dirigeants de la région ont décidé en 2006, de donner naissance à la Banque du Sud. Le FMI ne fait plus la loi en Amérique latine !

(1) Depuis, DSK, consommateur invétéré de “nuits fauves”, est tombé en déchéance.