Guadeloupéens, sauvons-nous nous-mêmes !

Le Premier ministre de la France, Monsieur Jean-Marc Ayrault est arrivé en Guadeloupe jeudi après-midi accompagné de 5 ministres de son gouvernement. Un geste de communication qui peut enchanter les esprits qui se contentent de peu pour exister.

Le ministre, comme tous ceux qui l'ont précé- dé sur le sol guadeloupéen, fera des déclara - tions sur l'engagement de la France d'accompagner «la population» de ce territoire, partie intégrante de la République française une et indivisible. C'est le crédo de tous les dirigeants politiques français de droite ou de gauche qui prétendent vouloir résoudre les problèmes qui mettent en pièce la vie des Guadeloupéens. Il fera les mêmes promesses répétées depuis des décennies par tous les représentants de l'Etat français de passage en Guadeloupe.

Après tout, peut-on le critiquer ? Il est dans son rôle de VRP de la France en mission pour réaf - firmer à la face du monde que la Guadeloupe c'est la France dans la Caraïbe.

Mais aujourd'hui, c'est la France en faillite éco - nomique, la France qui, pour tenter de sortir de la crise qui l'entraine vers le fond a choisi de casser son modèle économique et social hérité du programme national de la résistance en 1945 et de livrer le peuple aux règles impi - toyables du marché capitaliste.

Que peut-il donc proposer à la Guadeloupe, qui subit une crise structurelle depuis la dépar - tementalisation de 1946, aggravée par la crise capitaliste qui frappe la France aujourd'hui, ce Premier ministre qui doit se soumettre aux dic - tats européens et de l'organisation mondiale du commerce ?

Des paroles, des promesses, de la condes- cendance ! La où les choses deviennent ubuesques, cocasses, c'est quand les responsables politiques, les élites, les entrepreneurs de ce pays avancent sans aucune retenue, sans aucun amour propre, abdiquant leur propre respon- sabilité dans le développement de leur territoire, à la rencontre de ce ministre, les doléances en bandoulière.

Ils vont demander à Jean-Marc Ayrault, au nom des pouvoirs «régaliens» de l'Etat, de résoudre tous les problèmes du pays Guadeloupe à leur place.

Ils avancent les mains vides, sans aucun projet collectif de développement, d'orga - nisation sociale, en quémandeurs de la mansuétude de César.

Honte à tous ces responsables qui continuent à penser la Guadeloupe en France, qui refusent de regarder le pays réel, qui n'ont pas entendu l'appel de la jeunesse qui a résonné dans leur congrès et qui préfèrent se retran- cher derrière l'autorité de l'Etat tout en continuant à parader et à «bobansé».

Jean-Marc Ayrault est un Premier ministre, bon ou pas bon pour la France, nous n'avons pas de jugement à porter dans cette relation, mais nous avons cette conviction chevillée au corps, que nous a inculquée les dirigeants historiques du mouvement communiste à la Guadeloupe : les Girard, Ibéné, Fengarol, Lacavé, Archimède et tous les autres et admirablement exprimée par le Martiniquais Pierre Aliker, devant les dirigeants de l'Etat français au garde à vous devant la dépouille d'Aimé Césaire et que nous reprenons à notre compte : «Les plus grands spécialistes des affaires guadeloupéennes, sont les Guadeloupéens».

Un Premier Ministre français quel qu'il soit ne pourra pas faire à notre place.

Cet édito a paru dans le “Parlons vrai” du n°521 du jeudi27 juin 2013