«Initier un nouveau type de relations entre les Antilles, la France et l'Europe»

COMMUNIQUE DU PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS

Le Premier ministre se déplace cette semaine aux Antilles alors que la Martinique et la Guadeloupe sont frappées par une crise d'une violence sans précédent. Un chômage massif qui frappe jusqu'à 60% des jeunes, des denrées alimentaires à des prix prohibitifs, une montée de la délinquance et de la violence sur un fond de pauvreté et d'avenir bouché, le RSTA menacé quelques années après les grands mouvements populaires de 2009... Jean-MarcA yrault va découvrir des Antilles sinistrées et une populationinquiète.

Jamais depuis la départementali - sation de 1946, ces îles n'ont connu une telle situation. C'est désormais leur intégrité, leur cohésion qui sont menacées. La situation est devenue insupportable et l'explosion menace.

Face à cette situation, les annonces faites par le premier ministre ont certes des dimen- sions positives dont il conviendra d'en mesurer la portée, notamment sur le dossier de ladéfiscalisation.

Mais la Martinique et la Guadeloupe ont besoin d'ac - tes à la hauteur de la situa - tion, d'une politique nouvelle et ambitieuse, apte à refonder le modèle économique actuel qui mène à cette impasse sociale et humaine et qui gâche les atouts antillais.

Il faut pour cela favoriser enfin le développement endogène en l'appuyant sur les immenses res- sources locales et les grandes potentialités de coopération et d'échange dans la zone Caraïbe et l'Amérique du sud. C'est la condition pour sortir du «tout transfert de marchandise» entre la France, l'Europe et ces territoires. De ce point de vue, le mouvement social de 2010 avait porté des pro- positions qu'il convient, pour un gouvernement de gauche, de prendre au sérieux.

Une telle rupture appelle une politique économique dynamique impliquant l'épargne locale, la banque de développe - ment et les fonds publics, y com- pris européens. Cela passe aussi par une vaste réforme foncière, la revalorisation de la filière canne aujourd'hui menacée, la relance d'un tou - risme mettant en valeur les atouts locaux, le développe- ment de la pêche actuellement entravé par les directives européennes, la marche vers l'autonomie alimentaire et énergétique, le développement des transports collectifs et de l'ensemble des services publics...

Pour avancer sur cette voie nou - velle, il faut nécessairement initier un nouveau type de relations entre ces territoires, la France et l'Europe, en sortant de la tutelle et en domiciliant enfin dans chaque île un véritable pouvoir répondant aux revendications des peuples concernés et à leur volonté de responsabilité et d'autonomie dans le cadre de la République. C'est la République elle-même qui sortirait plus forte si le Premier ministre de notre pays impulsait cette nouvelle donne et portait ces exigences.

Parti Communiste Français Paris le 27 juin 2012