La Gwadloup sé tan nou, alos… Vakans o péyi !

«V ive les vacances, point de pénitence, les cahiers au feu, et les livres au milieu ! milieu !..., milieu… !». Que de fois n'avons-nous pas fredonné ces quelques vers, il y a quelques années, quand retentissaient, le 13 Juillet, les dernières cloches, annonçant la fin de l'année scolaire et le début des grandes vacances, qui nous conduisaient jusqu'à la rentrée, le 1er octobre suivant ? Plus la joie de se détacher des devoirs quotidiens à effectuer, et des leçons à retenir, c'était entre autres attentes, l'espoir de l'évasion dans les champs, le besoin de se distraire un peu plus qu'à l'accoutumée, qui prenaient le pas. Rares étaient les familles qui possédaient les moyens de partir en vacances, et pas nombreux les enfants qui avaient la chance d'être choisis pour participer aux colonies de vacances. Quand un proche pouvait accueillir une famille, soit à la campagne ou même en ville, c'était un grand moment pour tous de partir en «changement d'air». Seuls les foyers les plus «aisés» arrivaient à «prendre le large», ou l'offrir à leur progéniture. Ainsi, certains jeunes guadeloupéens pouvaient, dans le cadre d'échanges avec d'autres de la Caraïbe, partir dans des familles avant d'accueillir à leur tour ceux qui les avaient auparavant reçus. D'autres familles pouvaient partir quelques jours en France, souvent à la rencontre de parents expatriés làbas, quand ceux-là n'avaient pas les moyens de venir. «Autre temps, autre mœurs» ! Aujourd'hui, les choses ont beaucoup changé, les loisirs aussi. Une pléiade d'outils de la société de consommation, qui nous a envahie, s'offrent à nous, souvent pour nous détourner de notre réalité. Les enfants ont pour la plupart quitté les champs et les «driv'» qu'ils offrent ; les jeux vidéo, trop souvent vio- lents, et la télé ont remplacé «toupi», «serso», trotinet- te, vélo, «marèl», «pichinn» et autres jeux qui facilitaient les échanges, et entretenaient la cohésion. Aussi, le besoin «d'aller plus loin» se fait de plus en plus sentir, avec toutes les offres qui scintillent et qui parfois nous rassasient avec force publicités et promotions. Les croisières et autres escapades sont à la mode, la Caraïbe à la côte. Mais en Guadeloupe, an péyi an nou, pour ceux qui ne partent pas, pour ceux qui reviennent de voyage, ou ceux qui nous visitent, il y a une multitude de lieux et sites à découvrir, de creusets à dénicher. Nous avons la chance d'avoir un pays-archipel unique dans la Caraïbe, de par sa topographie, la diversité de ses îles et la singularité de cha - cune d'elles. Quoi donc de plus naturel pour nous de résis - ter, de rester pour découvrir en long et en large toutes les richesses, tous les sites que notre pays ouvre devant nous. Combien d'entre nous savent toutes les possibilités d'excursions, de randonnées, de visites pédago- giques qui sont offertes à nous ? La mer, que nous avons récemment mis à l'honneur au cours de la fête de l'Etincelle, avec ses fonds marins, ses sports aquatiques et nautiques, ses bains curatifs ; la montagne avec ses traces ; les Grands- Fonds avec ses «koulé» serpentant d'un coin à un autre ; les Saintes, la Désirade et Petite-Terre, Marie- Galante, chacun unique en son genre, bref, le choix est diversifié et multiple pour passer «on bon vakans o péyi», entre mers et rivières tempérées ou chaudes, entre musées et lieux chargés d'histoire, balades et événements culturels, marchés et spécialités culinaires… Les touristes qui nous visitent et qui ne man - quent pas de prendre la clé des champs, en savent quelque chose. Alors, il nous appartient maintenant de nous approprier pleinement notre pays, afin de mieux connaître les charmes et possibilités qu'il offre. Nous nous rendrons alors compte de la beauté de notre archipel et serons mieux à même de prendre conscience de la richesse et des potentialités que nous possédons, quand certains, parfois issus même de chez nous, nous rabâchent que nous ne pouvons avoir aucune perspective «puisque n'ayant rien à proposer, rien à développer». Plus nous profiterons de nos vakans o péyi, plus nous connaîtrons notre pays, mieux nous apprendrons à l'aimer et à le préserver, d'abord pour nous. Cette appropriation doit participer à la prise de cons- cience que nous sommes un peuple qui à l'instar d'autres dans le monde, doit avoir des perspectives d'avenir, et une ambition collective de réussir son devenir sur son territoire national. Alors, devient de plus en plus urgent, là encore, la nécessité de la maîtrise de notre sol par nous-mêmes, la nécessité de domicilier ici même un pouvoir guadeloupéen qui saura, mieux que quiconque, quels sont les secteurs à préserver, à protéger, à développer pour le grand bien de notre Patrie, de notre peuple. C'est pour conduire à une telle prise de conscience que depuis la création du mouvement communiste en 1944, les Communistes guadeloupéens se sont toujours attachés à développer l'éducation populaire. Rien ne nous arrêtera ; nous poursuivrons, contre vents et marées, la mission que nous nous sommes assignée, chaque jour plus conscients que «La Gwadloup sé tan nou !».