Un Service Public d'approvisionnement et de distribution des carburants !

La panique consécutive à la fermeture des stations service par les gérants,en opposition au projet de décret de Victorin Lurel,la décision du Premier ministre français de différer ce décret,ont une nouvelle fois mis en évidencel'impor tance politique de la question du prix des carbur ants en Guadeloupe.

Le projet de décret du ministre Victorin Lurel présenté comme un élément de la lutte contre la vie chère, est un leurre, un abus de confiance du Guadeloupéen. Il n'y a rien dans ce projet de déc - ret consistant à obtenir une bais - se du prix des carburants payé à la pompe par les automobilistes. Une chose est de dénoncer «en bouch» l'opacité de la détermination des prix, et les marges exorbitantes de la SARA et de ses actionnaires, autre chose est de fixer un prix qui mette un terme à la pwofitasyion que les Guadeloupéens subissent depuis des décennies de la part de la SARA. Selon le Ministre lui-même, le bénéfice net après impôt réalisé par le secteur des carburants dans la zone Antilles-Guyane s'élève en 2011 à 50 millions d'euros ou encore à 328 millions de francs soit 32 milliards de centimes de francs, il y a donc de la marge pour réduire les marges de ceux qui depuis plus de 40 ans rackettent les automobilistes de ces pays. La fixation du prix des produits pétroliers est une question de volonté politique du gouverne - ment, le prix des carburants en Guadeloupe est un prix régle- menté c'est à dire fixé par le gouvernement, il relève donc de sa seule responsabilité de le déterminer, mais il est vrai que la SARA a pour principal actionnaire TOT AL à 50%, qui lui-même a pour principal actionnaire l'Etat à 60%. Le monopoly du carburant s'o - père de la manière suivante : La SARA, (propriété des trois actionnaires, Total à 50 %, Rubis-Vito à 35,50 %, Exxon- Esso à 14,50 %), achète du pétro - le brut et surtout des produits raffinés, (on ne sait ni où, ni à qui, ni à quel prix) par le biais des services de négoce de ses action - naires, qui lui sont facturés par la société de négoce. Le transport de ces produits est réalisé, pour le compte de ces trois actionnaires de la SARA, par un seul opérateur . La SARA réalise le stockage dont elle détient le monopole tant en Guadeloupe, en Martinique qu'en Guyane. - La SARA revend aux grossistes, ses actionnaires (Total, Rubis et Exxon), ainsi qu'à trois grossistes indépendants, WIPCO, CAP et GPC, les produits pétroliers qu'ils vont à leur tour vendre aux détaillants, c'est-à-dire aux stations services qui leurs appartiennent. Autrement dit, les compagnies pétrolières, actionnaires de la SARA, achètent pour la SARA des produits pétroliers que la SARA leur revend en tant que grossistes et qu'il revende aux détaillants gérants de leurs stations services. A chacune de ces étapes, cha - cun des opérateurs est rému- néré d'une marge. C'est à par - tir de ces différents coûts et marges, sur la seule indication de la SARA filiale de TOTAL, que le représentant de l'Etat, actionnaire majoritaire de TOTAL, détermine mensuellement par arrêté le prix maxi - mum des carburants et du Gaz en Guadeloupe. L'organisation de la filière «car- burants» dans les colonies s'apparente au jeu du gendarme et du voleur où l'Etat est à la fois le gendarme et le voleur , avec dans le rôle du volé, l'automobiliste. Le projet de décret du Ministre Lurel, dès lors qu'il laisse perdu - rer ce système qui relève du rac- ket légal, est une opération en trompe l'œil, un écran de fumée destiné à garantir aux multinationales le maximum du taux de profit supportable par les économies des pays concernés par ce décret, tout en faisant mine de réformer le système. Dans la situation actuelle de dépendance énergétique de la Guadeloupe et faute d'une organisation efficace et fiable des transports collectifs, les carburants sont un produit stratégique, indispensable au développement économique, aux besoins énergétiques du pays et aux déplacements des Guadeloupéens. Dès lors, la gestion des carburants ne peut être laissée aux mains d'entreprises dont la logique de profit est incompatible avec l'intérêt général. Seule une gestion publique hors des exigences du profit et de la rentabilité capi- taliste peut garantir, l'intérêt général, l'efficacité sociale et économique par un juste prix des produits pétroliers. Cette proposition, formulée par le Parti Communiste depuis 2008, de création d'un Service Public d'approvisionnement et de distribution des carburants et produits pétroliers, géré par une entreprise publique en remplacement de la SARA, est plus que jamais d'actualité, c'est là notre seule marge. Dans la conjoncture mondiale de renchérissement du coût des énergies, l'accord de coopération PETROCARIBE, dans le cadre de l'ALBA, est une oppor - tunité pour la Guadeloupe aux côtés des 18 pays de la Caraïbe qui y participent, de bénéficier de carburants à un prix et à des conditions préférentiels. Il nous faut pour cela lever l'obstacle que constitue notre statut de département français en obtenant un statut de large autonomie qui nous per - mette de nous inscrire pour notre propre compte et au bénéfice de tous les Guadeloupéens dans la coopération Caraïbe. C'est une question de volonté et de courage politique.