Endettement des ménages guadeloupéens

En Guadeloupe, en 2010, un ménage sur trois est endetté (un ména- ge sur deux en métropole). L'endettement pour l'achat d'un bien immobilier ou foncier , ou pour de gros travaux de rénova- tion représente la majorité de la dette domestique des ménages (86%). L'endettement à l'habitat va de pair avec des revenus aisés souvent tirés de l'activité des deux conjoints. Deux ménages sur cinq connaissent des dif ficul- tés à honorer leurs échéances et un ménage sur cinq a connu des retards de paiement : les jeunes, les personnes âgées et les familles monoparentales sont les plus exposés. Le nombre de dossiers de surendettement déposés par les ménages guadeloupéens a fortement augmenté depuis 2000. Dans le même temps, le phénomène du surendettement a significativement changé de nature, le surendettement actif, que la loi Neiertz de 1989 voulait traiter en priorité, a laissé place à un surendettement passif, lié à des accidents de la vie.

F AIBLE RECOURS AU CRÉDIT POUR L'ACQUISITION DE LA RÉSIDENCE PRINCIP ALE

En 2010, le ménage guadelou- péen recourt moins au crédit à l'habitat qu'en France métropolitaine ou à la Réunion. Un ménage sur dix s'est endetté pour l'achat d'un bien immobi - lier ou foncier, ou pour de gros travaux de rénovation. En Guadeloupe, les motifs d'endet - tement à l'habitat concernent, à part égale, l'achat de la résidence et les travaux de rénovation. En France métropolitaine et à la Réunion, l'achat de la résidence principale demeure le premier motif d'endettement à l'habitat (sept ménages sur dix). Le recours au crédit et le type de crédit souscrit dépendent étroi - tement du niveau de revenu, notamment pour le crédit à l'ha- bitat. La proportion des ména- ges endettés pour l'habitat aug- mente avec la position dans l'échelle de revenus disponibles.

LES MÉNAGES AISÉS SONT PLUS SOUVENT ENDETTÉS

Du fait de leur capacité de rem- boursement, les ménages disposant de revenus supérieurs au revenu médian ont plus facilement recours aux emprunts, en particulier pour l'habitat. Parmi les ménages disposant d'un revenu supérieur à 30 000 euros, six ménages sur dix sont endettés, contre un ménage sur sept pour ceux dont le revenu est inférieur à 15 000 euros. La différence est encore plus marquée pour les emprunts immobiliers : les ména- ges disposant d'un revenu supérieur à 15 000 euros ont cinq fois plus souvent un emprunt en cours que ceux disposant d'un revenu moindre (respectivement 20% et 4%). En Guadeloupe, l'endettement pour un autre bien immobilier ou foncier concerne un ménage sur dix et celui pour des travaux de rénovation, trois ménages sur dix. Plusieurs raisons expliquent le fai - ble recours au crédit pour l'acqui- sition de la résidence principale. Le niveau de revenu est faible, la moitié des ménages guadelou - péens disposent d'un revenu inférieur à 18 300 euros. Ce revenu, dit médian, est inférieur d'un tiers à celui des ménages métropolitains. Par ailleurs, l'échelon - nement de la construction dans le temps est très courant en Guadeloupe, ce qui permet de construire progressivement sur le terrain familial, et de devenir propriétaire de sa maison sans pour cela avoir recours au financement bancaire. Enfin, le faible engouement pour l'acquisition d'une résidence principale de type appartement limite les possibilités d'achats et donc d'em - prunts. En effet, 10% seulement des ménages résidant dans des logements collectifs sont proprié - taires en Guadeloupe (25% en France métropolitaine).

UN MÉNAGE SUR CINQ A RECOURS AU CRÉDIT À LA CONSOMMATION

Un ménage guadeloupéen sur cinq souscrit un crédit à la consommation. Dans 80% des cas, le prêt est destiné à financer l'achat d'une voiture ou d'une moto, et dans les 20% restant, il est affecté à l'achat d'autres biens d'équipement ou au financement de dépenses diverses (éducation ou formation, événement familial, trésorerie…). En moyenne, la dette sous forme d'emprunts personnels1 avoisine 41 000 euros par ménage endet - té et conduit à des charges de remboursement de 19% des revenus disponibles. Ces charges dépassent 35% des revenus pour près de 17% des ménages et même 40% pour près de 12% des ménages. Le recours aux crédits à la consommation concerne 10% des ménages les plus pauvres, contre 25% chez les ménages les plus aisés. Elle est particulièrement faible pour les ménages dont le revenu disponible annuel est inférieur à 15 000 euros (4%, les banques sont peu enclines à octroyer un prêt aux ménages à faible revenus). Cette part s'élève à 36% pour les ménages disposant d'un revenu annuel disponible supérieur ou égal à 30 000 euros. Ces crédits à la consommation répondent plus à un besoin de liquidité dans le cas des ménages modestes, ou correspondent, pour les ménages plus aisés, à une stratégie de gestion de leurs liquidités. En ef fet, la moitié des ménages ayant recours exclusive- ment à un crédit à la consommation dispose d'un revenu annuel supérieur à 23 700 euros. Parallèlement, les professions intermédiaires et, dans une moindre mesure les cadres, endettés uniquement pour motif de consommation, sont plus nom - breux que la moyenne des actifs, respectivement 32% et 24%. Réciproquement, les ouvriers et employés sont sur - représentés pour le crédit à la consommation comme en France métropolitaine.

LE TIERS DES MÉNAGES GUADE- LOUPÉENS ENDETTÉ

T rès peu de ménages cumulent les deux types de crédit : à peine 3% d'entre eux endettés pour l'habitat remboursent également un crédit à la consommation. Leur revenu annuel médian dépasse 40 000 euros. D'après la théorie du cycle de vie de Modigliani, l'âge détermine à la fois les revenus de l'individu et son patrimoine. Au début de sa vie d'adulte, l'individu a des revenus faibles, inférieurs à sa fonc - tion de consommation, ce qui implique qu'il doive désépargner ou emprunter . Lors de sa vie acti - ve, l'individu peut rembourser ses dettes et constituer une épargne qui servira à financer la consommation de la période de vieillesse. Les plus âgés sont des consommateurs disposant d'un pouvoir d'a - chat parfois élevé. Leur grande disponibilité fait qu'ils ont une grande variété de besoins spéci - fiques à satisfaire. Ainsi, à chaque étape de la vie correspondent des emprunts différents. Les ména- ges de moins de 25 ans recourent exclusivement au crédit à la consommation. Huit fois sur dix le crédit qu'ils souscrivent concerne l'achat d'une voiture. En Guadeloupe, cette dernière est quasi indispensable pour trouver un emploi. À partir de 35 ans les ménages s'endettent à long terme pour de l'immobilier et remboursent ensuite leurs emprunts durant leur vie active. Les 35-54 ans sont les ménages les plus endettés : un ménage sur cinq possède un emprunt à l'habitat. Les 55-64 ans ne sont plus que 10 % à en posséder un, et les plus de 65 ans ne sont plus qu'une minorité 5%.

LE SURENDETTEMENT EST CAUSÉ EN MAJORITÉ PAR DES ACCIDENTS DE LA VIE

En Guadeloupe, une majorité des cas de surendettement (75% des dossiers) ont pour origine un sur- endettement passif dû à des accidents de la vie, personnels ou professionnels, qui fragilisent la situation des débiteurs. On retrouve la même prédominance dans l'ensemble des DOM (69% de surendettement passif). Ainsi, pour 31% des dossiers, l'origine du surendettement provient d'un licenciement ou du chômage (27% en France métropolitai - ne) et 17% sont liés à une baisse des ressources (20% en métropo - le). Enfin, 12% ont pour cause une maladie ou un accident et 10% une séparation ou un divorce. En 2010, 36% des surendettés guadeloupéens sont au chômage (soit 10% de plus qu'en métropole) et le chômage ou le licenciement représente la part la plus importante de l'origine du surendettement. Cela vient notamment de l'importance du chômage de longue durée en Guadeloupe (la durée moyenne de chômage est évaluée à 50 mois en 2011 et une majorité des chômeurs le sont depuis plus de trois ans). De fait, la proportion de chômeurs indemnisés est plus faible que dans l'hexagone (40% de l'ensemble des demandeurs d'emplois contre 61% en métropole). Le suren - dettement actif (gestion inadéquate du budget ou train de vie trop élevé) ne concerne qu'un dossier sur quatre en Guad eloupe, mais reste plus fréquent qu'en métro- pole (16%). En 2005, une part plus importante des dossiers (39%) avait pour origine un sur - endettement actif.