La situation objective qui a nourri cette proposi- tion des communistes guadeloupéens n’ayant jamais disparu, la revendication de l’Autonomie a traversé le temps et les obstacles. Elle a résisté à toutes épreuves et elle structure la vie politique en Guadeloupe depuis 63 ans.
C’est un concept qui a fait son chemin dans l’esprit des Guadeloupéens au fil des décennies, grâce au travail de conscientisation du peuple par le Parti Communiste Gua- deloupéen.
Certains, à des fins politi- ciennes, l’ont galvaudé, l’ont utilisé comme épouvantail pour annihiler toute cons- cience politique du peuple.
En réalité, l’Autonomie c’est la capacité d’agir avec réflexion, avec lucidité, en toute liberté de choix, à ne pas être dépen- dant d’autrui comme c’est le cas encore aujourd’hui en Guadeloupe.
C’est une phase de transition politique, un statut de souverai- neté partagé entre l’Etat français et le peuple guadeloupéen, qui déroge aux droits communs français et européens et qui dote la Guadeloupe d’un pouvoir poli- tique avec des compétences législatives et des moyens régle- mentaires pour décider des choix stratégiques qui vont conditionner l’avenir du pays.
Certaines formations politiques qui veulent «kas kòd»avec le sys- tème actuel pour donner «on dòt dirèksyon, on dòt balan»au pays, manifestent une certaine impatience estimant que l’heure a sonné, qu’il faut foncer et pas- ser tout de suite à l’assaut final.
Cependant, pour atteindre cetobjectif, il est plus qu’indispen- sable que toutes les formations politiques qui se réclament anticolonialistes et anticapita- listes se rassemblent pour par- ler d’une même voix, face au pouvoir français.
Le Parti Communiste Guadelou- péen, pour sa part considère, qu’en dépit de tous les avatars de ses initiatives en faveur d’un ras- semblement des forces anticolo- nialistes, il a la responsabilité de rechercher, par des voies nou- velles, sans se décourager et sans impatience révolutionnaire, les moyens d’organiser le peuple guadeloupéen autour des pro- blèmes importants qui impac- tent directement son quotidien.
La génération présente qui com- mence à s’affirmer en faisant feu de tout bois a aussi sa mission.
Les générations d’avant 1946 se sont battues pour l’égalité des droits politiques et sociaux. Elles ont réclamé l’assimilation et l’ont obtenue. C’était la reven- dication de l’époque, donc elles ont accompli leur mission.
Les générations d’après ont inscrit leur engagement dans la lutte d’émancipation politique, en activant la prise de cons- cience nationale pour sortir de l’assimilation par la conquête de l’autonomie ou de l’indé- pendance nationale.
Par des voies sinueuses, entre autres, la résistance culturelle, cette quête semble aujourd’hui accessible à la conscience du plus grand nombre.
La mission que l’époque actuel- le assigne à la génération d’au- jourd’hui, c’est bien d’oeuvrer ensemble avec tactique pour continuer à revendiquer et ar- racher un statut d’Autonomie à la Guadeloupe.