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Une rencontre avortée

L’ impasse dans laquelle se trouve la Guadeloupe, que ce soit sue le plan sanitaire, social, économique ou culturel, a conduit les élus gua- deloupéens, toutes tendances confondues, à solliciter l’inter- vention du chef de l’Etat, Emmanuel Macron, pour trou- ver la porte de sortie de cette crise qui n’a que trop duré.

Sans se déclarer pour l’instant candidat aux élections prési- dentielles à venir, en France la campagne électorale bat son plein et donc le chef de l’Etat, en fin tacticien, a transformé la demande des élus guadelou- péens à son avantage.

Pour une rencontre qui devait réunir les élus guadeloupéens, l’Agence régionale de santé, le préfet et le chef de l’Etat afin de trouver des solutions pour sortir de la crise liée à l’obliga- tion vaccinale et au pass sani- taire, Emmanuel Macron, en fin stratège, a élargi la rencon- tre aux autres territoires des Outre-Mer, avec plusieurs thèmes en discussion.

Pire encore, chaque collectivité ne disposait que de deux inter- ventions maximum de 10 à 15 mn, sous la paternité du préfet compte tenu que, dans chaque territoire, la rencontre se dérou- lait en préfecture, ce qu’a refusé de cautionner Serge Letchimy, président de la Collectivité terri- toriale de la Martinique.

Pour débattre avec sérieux de la crise que traverse la Guadeloupe et trouver des solutions, le for- mat retenu par l’Elysée était ina-dapté. Le président de la Région Guadeloupe, Ary Chalus, frustré, a bien raison lorsqu’il dit que ce gouvernement qu’il a contribué à mettre en place n’a aucun res- pect pour ses élus des Outre-mer.

En réalité, Emmanuel Macron, plus préoccupé par sa campagne électorale que par les problèmes de la Guadeloupe, ne fera rien qui puisse le mettre en porte-à-faux avec les millions d’électeurs fran- çais. Il veille donc au grain.

A travers cette visioconfé- rence, à quelques semaines des échéances électorales, il s’est offert une belle opération de communication médiatique.

La plupart des élus de ces ter- ritoires est sortie insatisfaite de ces deux heures et demi d’entre- tien. Certains ont qualifié à juste titre cette rencontre de fourre- tout et de mascarade.

Les élus guadeloupéens eux- mêmes, à l’image des syndicats, avaient préparé un cahier de doléances à présenter au chef de l’Etat, ce qui a noyé la pierre d’achoppement qui fait perdu- rer le conflit, soit la situation insoutenable des profession- nels de santé suspendus.

A l’issue de cette rencontre qui, à coup sûr, a avorté, comme lot de consolation, le chef de l’Etat envisage une prochaine rencon- tre, pour chaque territoire, dans quatre à cinq semaines, ce qui nous amène en pleins jours gras.

Les élus doivent rester vigi- lants pour ne pas se faire tourner en dérision.

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