L’athlète Rénelle Lamote devient vice-championne d’Europe pour la 3e fois

Belle performance pour Rénelle Lamote, médaillée d’argent du 800 mètres lors des Championnats d’Europe d’athlétisme de Munich 2022. A 28 ans, la Montpelliéraine démontre tout son potentiel et ne cache plus ses ambitions de podium pour les Jeux Olympiques 2024 à Paris. En pleine confiance dans sa discipline, elle vient notamment de battre son record personnel, 1''57''''8 lors du meeting de Lausanne.

Que de bonnes nouvelles ces derniers jours. Une seconde place européenne puis un record personnel, vous rayonnez. Comment expliquez-vous votre bonne forme ?
Rénelle Lamote : C’est vrai que je me sens extrêmement bien en ce moment. J’ai été très déçue de ma contre-performance aux Cham-pionnats du monde en juillet où j’échoue en demi-finale (dû notamment à la contraction d’un covid sévère) et j’avais à coeur de retrouver la pleine possession de mes moyens. Ce fut le cas à Munich où j’étais vraiment très heureuse de concourir. Cette saison a été très intéressante car le niveau était élevé et, pour ma part, je voulais vraiment qu’elle se clôture par une médaille. L’anglaise Keely Hodgkinson, qui décroche l’or, avait engrangé beaucoup de confiance grâce à son récent titre aux Mondiaux mais je sentais que je pouvais faire un podium, voire une 2e place ! Je me sens totalement à ma place avec cette médaille et je sais, aujourd’hui, que j’ai les capacités de viser encore plus haut.
Vous semblez très sereine et lucide dans l’analyse de vos
réussites et échecs. Cette sagesse peut-elle être un atout ?
Effectivement, je pense que oui. J’ai 28 ans et je cours avec des jeunes athlètes qui ont tout juste la vingtaine. Je me revois à leur âge, avec tout ce stress avant les compétitions, et à l’instar, moi je me sens bien dans mes baskets. Je viens de réaliser mon record personnel juste avant la fin de saison. Bon, c’est un peu tardif mais c’est là et c’est le plus important ! Mon travail paie et c’est gratifiant. C’est un sport qui deman-de beaucoup de rigueur et de combativité et ce sont des qualités que j’ai toujours eues en moi. J’ai beaucoup analysé les choses avec mon coach et ma psychologue et, depuis, je gère mieux la pression des gran-des rencontres. En plus, les filles courent de plus en plus vite et c’est stimulant. Ça me donne l’envie de me battre encore davantage !
C’est votre 3e médaille européenne et aussi votre 3e médaille d’argent. Est-ce que l’or est-il envisageable ?
Bien sûr que j’aimerais gagner un jour l’or ! Mais cela se fait avec le temps, le travail et surtout avec la régularité. Je n’ai pas été blessée cette année et cela m’a aidé à faire une belle saison. Nous devons prendre soin de notre corps. Sans cela, les velléités de victoires sont amoindries. Je sais que j’ai le niveau pour accéder à d’autres médailles. Le chrono demandé pour participer aux JO 2024 est de moins de 2 minutes et je suis déjà en dessous. Maintenant, il faut maîtriser mes chronos, prendre soin de moi et établir une stabilité d’entraînements pour les deux années qui arrivent. C''est un challenge mais je me lève pour ça. L’athlétisme me fait vibrer depuis toujours.
Quel a été votre parcours pour devenir athlète de haut niveau ?
J’ai été repérée par mon professeur d’EPS lorsque j’étais au collège. Il m’a conseillé de m’inscrire dans un club d’athlétisme, ce que j’ai fait ! J’étais à l’aise sur les courses courtes mais j’aimais aussi la distance. Le 800 mètres est une discipline qui demande d’être bon dans tous les secteurs (sprint, cardio, endurance) et, surtout, d’aimer souffrir ! Elle demande beaucoup de sacrifices et il faut être prêt à franchir des caps dans la douleur ! Moi, je suis un peu fofolle et j’ai un fort caractère, alors ça me convient. D’ailleurs, je suis heureuse de voir arriver des jeunes filles investies dans notre sport et il y a une super ambiance entre nous.
Arrivez-vous à bien gérer votre vie personnelle et vos entraînements ?
Oui, je suis soutenue par la Fédé-ration Française d’Athlétisme qui me permet de pratiquer mon sport à haut niveau et d’être rémunérée pour cela. Je représente également l’Armée Française lors de compétitions nationales et internationales et c’est toujours un plaisir. Récem-ment, je me suis inscrite à l’université pour suivre des cours de psychologie et je suis épanouie avec ce rythme. Malheureusement, j’ai peu de temps pour rendre visite à ma famille en Guadeloupe, ma maman étant née à Deshaies. Mais je reçois énormément de soutiens et de messages des Antilles et ça me donne une dose de motivation supplémentaire !