Projet guadeloupéen de société ou catalogue de perceptions :Décryptage

Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'on nage dans le brouillard,avec la restitution du travail confié à ceux quiforment le groupe de pilotage du Comité Guadeloupéen de Projet de Société. Quelle est la différence entre groupe de pilotage etcomité de projet ?

Difficile de se retrouver dans tout cela, si on ne fait pas l'effort de remonter le temps. En ef fe t, depuis la réso lution du Congrès des élus, en date du 24 juin 2009, lançantce projet, quarante-neuf moisse sont écoulés à la date deremise du rapport, alors que lesélus s'étaient donné dix-huit mois pour, sur la base de ce projet, faire une proposition de gou vernance politique au gouverne ment de la France.C omment recevoir ce docu ment qui a été remis au Conseil Régional, le 10 décem bre 2012, par le groupe depilotage coordonné parMadame Diman-Delile etMonsieur Jacky Dahomay ?Assurément, pas comme unProjet de Société. D'ailleurs, ces auteurs s'en défendent en expliquant qu'il s'agit d'outil à la prisede décisions, de préconisations devant permettre aux élus d'élaborer des politiques.Si on se tient à la méthodologie arrêtée, ils n'ont pas tort. Car, leschéma de la méthode exposeclairement que, «le groupe de pilotage» a la mission de redynamiser et d'organiser le débatpublic, dans le cadre d'un Projetguadeloupéen.C'est, selon le schéma de laméthode, le Comité Guadeloupéen du Projet qui est l'instanceen charge d'élaboration duProjet guadeloupéen de société.La question est : où est ce comitéguadeloupéen de projet ?Pour que les choses soient claires,le rapport remis au ComiteGuadeloupéen et présenté sous couverture de Projet Guade-lou péen de société n'en est pas un. Il convient de préciser qu'il n'est pas non plus une étude scienti fique, ni ne comporte une analyse sociologique de la société gua deloupéenne.Ceci n'est pas dit pour minimiser le travail qui a été fait pour libé rer la parole, procéder à des synthèses et à la hiérarchisation despréoccupations. Mais, ce projet reste un concentré de perceptions qu'ont les gens de leursituation et de l'environnementdans lequel ils vivent.Mais, même à ce niveau, il faut relativiser la portée de ces perceptions, lorsque l'on regarde letaux de participation aux dif fé rents débats organisés et le nom bre de contributions reçues.Entre le 17 février 2012, date desa mise en place, le groupe depilotage a organisé 109 débatsdans les communes qui ont réuni, chaque fois, environ 30 personnes, a reçu 43 contributions écri tes directes et enregistré 134 contributions par internet. Celareprésente environ 1,5% de lapopulation active.Par -delà ces considérations techniques, ce sont ces objec tifs assignés au Projet guadeloupéen de société par cespromoteurs qui ont réduit lespossibilités de ce travail :Contribuer à l'autonomisation de la société civile et l'opinion publique Inviter la société civile et, en premier lieu, le citoyen, à s'exprimersur son acception et à formulerdes propositions sur les grandsenjeux de société.Constituer un outil d'aide à ladécision, à l'élaboration et à lamise en œuvre de politiquespubliques locales et d'une éven tuelle réforme institutionnelle. Là encore, nous voyons les faussaires à l'œuvre. Ce sont les pro moteurs de ce Projet qui, dès le départ, ont décidé que la question institutionnelle ou statutairen'est pas une priorité. Prenant appui sur cette orientation, le groupe de pilotageà surfer sur les problèmes desociété, faisant semblant decroire qu'ils n'ont rien à voiravec le cadre politique danslequel ils sont posés.La question institutionnelle a étéintroduite dans cette tonalitécomme une question subsidiaire qui intéresse d'abord les politiques assoif fés de pouvoir. Il est utopique ou démagogiquede laisser croire aux citoyens queles problèmes de société, qu'ilspointent avec raison, seront réso lus en dehors d'un pouvoir poli tique, expression de leur volontédémocratiquement exprimées.Comme il est faux de laissercroire qu'une société civile, formée de citoyens aux intérêts opposés, pourrait être lemoteur de transformationssociales fondamentales. En définitive, cet «exercice démocratique» raté, plonge le paysencore plus dans la confusion.Il a tout de même le mérite demontrer que la stratégie portéepar les Forces Patriotiques Anticapitalistes et Anti colonialis tes \FPAC\instruments démocratiquementélaborés : un programme dedéveloppement économique etun projet de statut politique delarge autonomie appelé à êtrevalidés dans le cadre d'uneAssemblée Constituante, est,aujourd'hui, la seule réponse à lacrise globale de notre société.