CHRISTIANE T AUBIRA POUR UNE «POLITIQUE FONCIÈRE» EN FAVEUR DES DESCENDANTS D'ESCLAVES

La ministre de la Justice, Christiane Taubira, réagissant à la polémique sur la compensation financière de l'esclavage, a jugé hier dans une interview au Journal du Dimanche qu'une «politique foncière» de remembrement pourrait permettre aux descendants d'esclaves d'avoir un accès plus équitable à la terre dans les Outre-mer.

«En Outre-mer, il y a eu une confiscation des terres ce qui fait que, d'une façon générale, les descendants d'esclaves n'ont guère accès au foncier», a déclaré la ministre, qui avait fait voter en 2001, lorsqu'elle était députée de Guyane, une loi qui reconnaît la traite négrière et l'esclavage comme un crime contre l'humanité.

«Il faudrait donc envisager , sans ouvrir de guerre civile, des remembrements fon - ciers, des politiques fonciè- res. Il y a des choses à mett- re en place sans expropriation, en expliquant très clai - rement quel est le sens d'une action publique qui consisterait à acheter des terres», a poursuivi Christiane Taubira..

Cette action serait «plus facile» à mener en Guyane où «l'Etat avait accaparé le foncier», mais «plus délicate à mettre en œuvre» aux Antilles où «c'est surtout les descendants des maîtres qui ont conservé les terres», a précisé la ministre.

Elle a rappelé qu'elle s'était toujours opposée aux deman- des de compensation financière, telles qu'ont pu les formuler des associations comme le Conseil représentatif des associations noires (Cran), qui a annoncé vendredi, à l'occasion de la journée de la commémo - ration de l'abolition de l'esclavage, qu'il assignait en justice la Caisse des dépôts, lui repro - chant d'avoir tiré profit de la traite négrière.